Stages en entreprise : panne d’ascenseur
Chercher une entreprise susceptible de proposer un stage lorsqu’on a quinze, seize, dix-sept et même dix-huit ans et qu’on est livré à soi-même, sans réseau, parfois sans outils, ce n’est pas la chose la plus facile, ni la plus motivante qui soit. Selon les témoignages que nous avons récoltés au cours de l’action SOS Stage, les élèves issus d’établissements situés en ZUS (zone urbaine sensible) sont souvent discriminés. Pour des raisons de provenance géographique mais aussi sur des critères ethniques. Nombre de fois nous avons accueillis des élèves anciennement primo-arrivants, qui bien souvent sont arrivés en France, quelques années auparavant, sans parler le français. Ces élèves affrontent des difficultés lorsqu’ils doivent se présenter au téléphone, entretiens pendant lesquels ils se font raccrocher au nez plus qu’à leur tour.
Une discrimination inversée ?
Mais la discrimination ne marche pas que dans ce sens. Elle est parfois inversée. Nous avons remarqué qu’un patron d’origine étrangère aura souvent tendance à recruter des élèves parmi sa communauté, dans son propre réseau familial, amical et familier. Si cette forme de discrimination est parfaitement tolérée voire encouragée par les établissements qui y trouvent leur compte, elle est tout aussi insupportable que lorsque un élève se voit refuser l’accès à un stage à cause d’un accent ou d’un préjugé.
Autre forme de discrimination pratiquée par les entreprises, la discrimination à l’âge. Les élèves mineurs, et ils sont nombreux en lycée professionnel, sont souvent lésés car la législation du travail impose une réglementation particulière pour ces élèves en milieu professionnel, mais surtout elle interdit la manipulation ou le travail sur des machines ou outils répertoriés comme dangereux. Une situation qui pousse les personnels encadrant des établissements à encourager leurs élèves à se contenter de stages peu qualifiant ou peu en rapport avec leur contenu pédagogique. Combien de fois n’avons-nous pas entendu des élèves se plaindre de n’avoir qu’à passer le balai, décharger des palettes ou ne se voir offrir que la tenue de la caisse dans une grande enseigne de menuiserie quand ils pourraient travailler dans les rayons. Certaines entreprises trouvent dans une législation qui prêche le principe de précaution une excuse pour fermer leurs portes à des stagiaires peu rentables, car peu formés, peu expérimentés, employés sur de courtes périodes, dont l’encadrement demandera temps et investissement qu’ils n’ont pas forcément l’envie ou la disponibilité de dispenser. Les PME se placent sur un pied d’égalité avec les grandes enseignes. Même s’il faut saluer l’implication et même le dévouement de certains patrons qui se souviennent peut-être de leur propre parcours et jouent le jeu des stages.
Toutes ces formes de discriminations pratiquées par les entreprises sont à combattre, à commencer par les établissements eux-mêmes. Car à la longue, personne ne pourra se satisfaire de la segmentation et des ascenseurs à sens uniques. Il y a tout un état d’esprit à changer avant que les ascenseurs ne finissent par remonter, oui, mais à vide.
La rédaction
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