Adecco restauration : discrimination et fichage ethnique au menu
En décembre 2000, SOS Racisme est alertée par un employé de la société ADECCO que ses chargés de recrutement avaient pour consigne de ficher les intérimaires selon leur couleur de peau (PR4 pour les noirs) pour satisfaire aux ordres des clients qui réclamaient des «BBR» (blancs).
A la demande de SOS Racisme, un inspecteur du travail et un huissier de justice se sont présentés en janvier 2001, au siège de l’agence ADECCO restauration situé à Montparnasse pour saisir les fichiers des intérimaires triés par couleur. Au lendemain de ces saisies de fichiers, Samuel Thomas, le vice président de SOS Racisme, enregistre avec France 3 un entretien avec la direction d’ADECCO. Il recueille les aveux des responsables de la société : la catégorie PR4 regroupent les intérimaires «noirs» pour savoir rapidement où ils sont » et « ne pas les envoyer au casse pipe » chez des entreprises telles qu’Eurodisney, qui n’en voulaient pas.
En mars 2001, SOS Racisme porta plainte contre la société ADECCO pour discrimination à l’embauche et fichage ethnoracial.
Au cours de l’instruction, le magistrat a
procédé à de nombreuses auditions. Il en ressort qu’une douzaine d’anciens
salariés chargés de recrutement chez ADECCO reconnaissent avoir été témoins et
auteurs de cette pratique dévoilant un système codifié de discrimination au
sein de cette société. La direction de la société ADECCO prétend utiliser la
catégorie PR4 pour distinguer les 500 intérimaires (sur 1500), incapables de
compter, écrire et lire. En 2009, une dizaine de victimes se constituent
parties civiles soutenues par la FNMDP et la Maison des Potes – Maison de
l’Egalité afin de relancer l’affaire, et formulaient des demandes d’actes, que
le juge refuse d’éxécuter. C’est la Cour d’appel de la chambre de l’Instruction
qui donnera raison aux parties civiles au printemps 2010, et le 27 septembre
2012, Samuel Thomas sera enfin entendu par un nouveau juge d’instruction.
Enfin, le 28 février 2013, la Maison des Potes-Maison de l’égalité sera
informée de la mise en examen d’ADECCO. Etrangement, malgré les divers
témoignages concordants et preuves versés au dossier, le juge d’instruction
n’a, encore à ce jour, procédé à aucune mise en examen.
Depuis, nous attendons, avec Me Jacky Benazerah, l’ordonnance de renvoi
d’ADECCO devant le TGI de Paris avec détermination.
Certains magistrats instructeurs parient que leur passivité pourrait entamer le moral des militants antiracistes : c’est mal nous connaître !
Naïla DBdL
Crédit photo : (c) Cyril Cavalié
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