Un testing simple comme un coup de fil
Après une longue instruction, Valérie Le Bihan et Rose Demay, toutes deux salariées de l’agence « Le Bihan » de Nanterre, vont enfin être jugées devant le tribunal correctionnel pour discrimination raciale au logement.
Retour sur les faits
L'affaire débute par une annonce publiée, en novembre 2002, concernant un T3, situé à Courbevoie (92), et disponible à la location le mois suivant. Monia Djebali, intéressée par cet appartement, contacte l'agence afin de le visiter. Après avoir indiqué toutes les informations nécessaires, état civil et situation professionnelle, elle obtient un rendez-vous. Or quelques heures avant le rendez-vous, elle reçoit un appel lui annonçant que finalement, l'appartement avait été loué. Annulation assez surprenante pour Monia qui pensait remplir toutes les conditions nécessaires à la location de cet appartement. Intriguée, elle demanda alors à l’une de ses collègues de travail, de postuler à son tour. Seule différence, elle porte un mon à consonance française. À sa grande surprise, elle obtient un rendez-vous pour visiter le même l’appartement. Face à cet acte manifeste de discrimination, Monia contacte l'association SOS Racisme pour mener une action pénale à leur encontre.
Le 20 novembre 2002, l'association organise un « testing » pour compléter son dossier, en vue d’une déposition de plainte pour discrimination raciale. L’opération est assez simple. Dans un premier temps, l'agence immobilière est contactée par Samir Bellili. La même employée, lui répond que l'appartement situé à Courbevoie, est déjà loué et lui propose un autre appartement. Ensuite, c’est au tour de Samuel Thomas, vice-président de l'association, de prendre contact avec l’agence. Il obtient sans difficulté un rendez-vous pour visiter l’appartement en question.
Par la suite, Valérie Le Bihan, contactée par une journaliste du quotidien « Le Parisien », reconnaîtra les pratiques discriminatoires : « on est obligé de suivre les conditions des propriétaires. Il y a des propriétaires qui ne veulent pas de personnes d'origine étrangère et ils sont catégoriques là-dessus […] On a un portefeuille à gérer et si on refuse, on perd le client. »
Le 21 mars 2003, l'association SOS RACISME porte plainte auprès du Procureur de la République contre l'agence immobilière Le Bihan pour discrimination raciale au logement. La procédure est alors classée sans suite au motif que l'infraction était insuffisamment caractérisée. Finalement, l’association dépose, le 16 octobre 2006, une plainte avec constitution de partie civile pour discrimination raciale dans l'attribution d'un logement privatif.
Le 6 janvier 2009, le juge d’instruction, sur réquisition du procureur a décide de renvoyer l'employée de l'agence et sa directrice devant le tribunal correctionnel de Nanterre. L'audience aura lieu le 1er septembre prochain.
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