Travailleurs sans-papiers : en marche vers une régularisation ?
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à quitter votre pays d’origine ?
J’ai fui mon pays, la Mauritanie, en raison de conflits qui existaient entre les différentes ethnies depuis l’indépendance. En effet, je fais partie de la minorité ethnique, les Négro-Mauritaniens, celle qui ne possède ni droits ni liberté et qui vit dans des conditions misérables. Depuis les massacres de 1990, la situation s’est tellement dégradée qu’en 2001 j’ai décidé de venir en France alors que j’avais seulement 25 ans.
Comment vit-on au quotidien en tant que travailleur sans-papiers ?
Pour être franc, je vis la peur au ventre comme tous ceux qui sont dans ma situation d’ailleurs parce que, très vite, tu comprends que tu cours un danger tant que tu n’es pas en situation régulière. Mais depuis 9 ans, je n’ai été contrôlé qu’une fois et j’ai été relâché après une courte garde à vue. Je garde donc encore espoir et continue tant bien que mal à vivre de cette manière.
Mais alors, comment peut-on travailler tout en étant en situation irrégulière ?
Mon expérience m’a montré que, pour la plupart des employeurs, une simple carte d’assuré social te suffit pour travailler. Document que j’ai pu obtenir, à mon arrivée, en raison de ma demande de droit d’asile qui, malgré les recours, m’a été constamment refusé. Depuis 9 ans, cet unique document m’a toujours permis de travailler, pour preuve je viens de signer un CDI en qualité de cuisinier. Parallèlement, je me suis engagé à la CGT, pour défendre la cause des travailleurs sans-papiers. Avec ce collectif, nous avons déposé plusieurs dossiers complets à la préfecture de ma région. Cette dernière a décidé de traiter chacun des dossiers en profondeur. Nous sommes donc en attente et espérons obtenir cette première victoire.
Qu’attendez-vous de cet engagement ?
D’abord, je veux préciser que cet engagement n’est en rien personnel. C’est avant tout une bataille collective et indéterminée. Cette question des sans-papiers dure depuis des années et risque malheureusement de perdurer. Notre but étant que toutes ces personnes vivant et travaillant en France, depuis des an- nées, soient toutes régularisées en tant que travailleurs sans-papiers. C’est pourquoi nous avons adhéré à la CGT car, avant d’être des travailleurs sans-papiers, nous sommes des travailleurs, point !
Propos recueillis par Yasmine Oudjebour et Loubna Méliane
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