INTERVIEW : Jean-Jacques Hazan .« L’égalité est juste une volonté théorique »
L’école n’est plus garante de l’égalité des chances pour tous. Pour permettre cette égalité ne faudrait-il pas, en ZEP, plus particulièrement, augmenter le nombre d’enseignants à hauteur de 30% ?
L’égalité est, aujourd’hui, juste une volonté théorique, très fortement affichée. Concernant les ZEP, il était question de donner plus à ceux qui en avaient le moins. Pourtant les enseignants en ZEP sont souvent inexpérimentés et donc coûtent beaucoup moins cher que d’autres enseignants. Il est donc nécessaire d’améliorer le taux d’encadrement et les compétences de ces enseignants. Il n’est pas normal que les plus expérimentés, ceux qui sont capables de se frotter à des difficultés, ne soient pas envoyés dans ces établissements. Par exemple, il est possible de gérer un cours magistral à 30 ou 40 élèves. C’est une question de méthode. 30% d’enseignants supplémentaires en ZEP, pourquoi pas. Mais ça ne suffit pas. Cela doit s’accompagner d’un projet global d’établissement. D’autant que le gouvernement n’est pas actuellement favorable à la création de dizaine ou centaines de milliers de postes.
Pourtant il y a eu une étude, tout à fait intéressante, qui dit que pour lutter contre l’échec scolaire, il faudrait diminuer, très fortement, le nombre d’élèves par classe dans le primaire.
Développer le tutorat, le soutien scolaire n’est-ce pas un outil pour lutter contre les inégalités ?
Pour nous c’est dans la classe qu’il faut faire le travail au quotidien en proposant d’autre méthode. Le travail en groupe par exemple produit des choses et ça marche. Il faut le développer et démocratiser les savoirs pédagogiques. À un moment, un élève a besoin d’être pris de façon bien plus individualisé. Un personnel doit être formé spécifiquement pour l’aider à surmonter ses difficultés. Quand on parle de soutien scolaire, on pense après la classe. Pourquoi ne pas le faire pendant la classe ? Par ailleurs, on a quand même légèrement amputé l’année de 72 heures, l’air de rien, ça représente quand même 9%.
Vous représentez une fédération de parents, comment raccrocher certain parents au suivi de la scolarité de leur enfant ? En particulier dans les ZEP.
On sait qu’un certain nombre de choses peuvent rapprocher les parents de l’école ou les en éloigner. C’est le cas avec les rencontres parents / profs, c’est aussi le cas sur les devoirs et les convocations. C’est un fait, ça n’améliore pas les relations avec les parents. Pourtant l’implication d’un parent dans la scolarité de son enfant joue sur celle-ci. À part leur renvoyer leur responsabilité sociale on n’a rien fait pour eux, si, on les a écoeurés. Il faut prendre les choses autrement et arriver à avoir des moments de contact et développer le droit à l’école.
Qu’est-ce que vous voulez dire par le droit à l’école ?
Le droit à l’école à été réduit, c’est la conséquence de la semaine de quatre jours. Et ce sont ceux qui sont le plus en difficulté qui le subissent. Par exemple, l’augmentation des devoirs à la maison. Les devoirs c’est une guerre avec les parents pas avec les élèves ! De plus ça ne fait qu’accroître les différences de moyen entres les familles et donc les élèves.
Publier un nouveau commentaire