Tennis squash : «Personne de couleur impossible»
Le 22 juin 1993, Madame Victoria Gomis est adressée par l’Agence Nationale pour l’Emploi à Monsieur Alain Bideault, dirigeant un établissement de Tennis-Squash. Celui-ci cherchait à recruter une femme de ménage. Le premier contact est froid, direct et rapide. La réponse est non.
Monsieur Bideault retourne le document à l’ANPE en mentionnant au bas du document la raison de ce refus catégorique: « PERSONNE DE COULEUR IMPOSSIBLE ».
Choquée, Madame Victoria Gomis, au chômage depuis plusieurs mois, repart avec des aveux tamponnés et signés avec l’empreinte du cachet commercial de la société.
Elle fera part de sa mésaventure à l’ANPE, qui lui conseillera d’engager une action en justice. Le chef de l’agence d’Evreux est habitué à la réticence de certains patrons à embaucher des étrangers: « En vingt ans de service, je n’ai jamais vu ça, pour moi c’est purement et simplement de la provocation », s’indigne-t-il. Victoria fera appel à Maître Philippe Fouchet, qui déposera plainte pour discrimination à l’embauche.
Monsieur Bideault comparaît le 25 novembre 1993 devant le Tribunal correctionnel d’Evreux pour avoir refusé un emploi à Madame Gomis en raison de son origine ou de son appartenance à une ethnie ou à une race.
Lors de l’audience, l’employeur mis en cause, pris d’amnésie, prétend ne reconnaître ni son écriture ni sa signature sur le document ni même le visage de Madame Gomis. Dans son réquisitoire, le procureur n’a aucun doute: « Le délit est parfaitement établi. A ce point c’est même rare », relève-t-il, et demande une peine de 10.000 francs d’amende. Le tribunal ira bien au-delà, récidiviste, il sera donc condamné à 10.000 francs de dommages et intérêts et à six mois de prison ferme, peine qu’il n’effectuera pas sous cette forme.
Patrick D.
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