Bosch : insurrection collective
Le 4 décembre 2007, un collectif de 25 salariés exténués par 20 ans de déconsidération professionnelle, franchit le cap d’assigner l’équipementier Bosch au conseil des prud’hommes de Lyon. En effet, aucune évolution de carrière ou de rémunération notable ne se profile pour la majeure partie d’entre eux malgré 20 ans de carrière.
Face à l’évolution du statut de nombreux salariés blancs embauchés au même titre, le collectif en conclut que seul l’origine des salariés motive l’entreprise d’une telle discrimination salariale. Lors de la procédure, Mohamed Brahmi, syndicaliste de la CGT, appuyé par Me Barbara Boamah, avocat de SOS racisme, fournira une multitude de preuve étayant les accusations proférées.
À cet égard, des études statistiques empruntées de la méthode François Clerc, confirmeront par le biais d’un panel de comparaison que les victimes affichaient une évolution de carrière quasi nulle contrairement à l’évolution réelle des autres salariés blancs. En outre, une répartition ethnique du travail est mise en lumière: les salariés d’origine maghrébine et d’Afrique noire occupent essentiellement des postes manuels à tâches difficiles tandis que les postes d’encadrement sont majoritairement alloués au personnel blanc.
Cependant, malgré l’évidence des faits et des preuves formelles, 18 salariés sont déboutés de leur demande. Quant aux 7 autres, le conseil des prud’hommes de Lyon condamne Bosch le 20 juin 2008 à leur verser de 5500 à 10000 euros de rattrapage de salaire pour discrimination raciale mais aussi sexiste à l’égard d’une employée.
« Cela reste une victoire pour la lutte », souligne Loïc Rigaud représentant de la Maison des Potes - Maison de l’égalité,
« cette condamnation démontre la capacité relative des syndicats à fournir des preuves efficientes dans une affaire de discrimination, et d’obtenir une réparation collective des salariés discriminés».
Florian Kuan
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