Sihem Habchi, présidente de Ni Putes Ni Soumises

Le féminisme a-t-il du sens face à une nouvelle génération qui a du mal à se revendiquer comme telle ?
Le féminisme ne nous a jamais vraiment été expliqué. L’émancipation, la liberté, le droit de disposer de son corps, il a fallu l’arracher. En effet, je fais partie de cette génération – les femmes issues des quartiers populaires – pour qui la transition a été assez difficile, car pendant longtemps, on a été le point aveugle de la société. Aujourd’hui, il faut rattraper ce retard et permettre à cette nouvelle génération de se revendiquer féministe.
Comment expliquer que certains freins persistent encore et ce malgré les avancées juridiques ?
Le féminisme est un préalable au mieux vivre ensemble, à l’égalité hommes/femmes, à la construction de soi. Aujourd’hui encore, nous devons nous battre pour qu’il y ait une vraie politique publique en matière d’éducation filles/garçons et de lutte contre les violences faites aux femmes car les avancées juridiques sont, malheureusement, encore nécessaires. Les féministes « traditionnelles » se sont enfermées dans un combat bourgeois, oubliant que si l’égalité recule à un endroit de la société, par exemple les quartiers populaires, elle recule partout.
Pour vous, quel est le combat essentiel à mener pour que l'égalité devienne une réalité quotidienne ?
Nous, on travaille sur un combat essentiel : l'interdiction totale de la burqa, du niqab sur notre territoire. C’est le combat le plus urgent. On ne comprend pas pourquoi une partie de nos cadres politiques et associatifs tiennent un discours niant complètement une réalité catastrophique. Il y a une volonté de ces femmes de s’en sortir mais il faut avoir le courage politique de trancher cette question. Il faut donc créer les conditions d’une conscience collective notamment dans nos quartiers populaires.
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