Ces journalistes qui ont osé filmer les testings
« À l’époque, on ne parlait pas des discriminations », se souvient Yves Junqua, journaliste à France 2. Il y a dix ans, il travaillait en indépendant pour Arte. Quand il entend parler des testings à l’entrée des discothèques, il pense que c’est le moment d’ouvrir les yeux du public. « Dans les années 80-90, le racisme minait la société française. J’ai voulu montrer qu’un truc aussi innocent que danser, faire la fête avec ses amis, était fermé à des personnes en raison de leur origine ». Les résultats de ces testings provoquent un malaise. De nombreuses discothèques sont prises en flagrant délit de discrimination au faciès. Une humiliation pour les jeunes qui ont accepté de participer à l’expérience, et une claque pour les journalistes, témoins de ces scènes. Yasmine Oujdebout, responsable à l'époque de la communication à SOS, ironise: « Beaucoup de journalistes pensaient que la discrimination n’existait pas. On leur a dit de venir assister à un testing et de décider ensuite de l'intérêt d'en parler. Résultat : la plupart ont ouvert les yeux et se sont bougés pour convaincre leurs rédactions ». Comme Zinedine Boudaoud, qui a couvert l’événement pour France 3. « Je connaissais déjà le phénomène de discrimination et je le trouvais scandaleux, insupportable », martèle-t-il. Il se félicite: « SOS a gagné des points avec ces testings. Ils ont réussi à faire condamner beaucoup de boîtes de nuit… et à faire comprendre que la discrimination est un délit ».
Publier un nouveau commentaire