Le flou artistique du financement des associations
Le Conseil Général ne nous finance plus depuis trois ans. Nous ne savons pas pourquoi. Si j'avais une réponse claire, ça serait acceptable, mais je n'en ai aucune idée. Ils financent moins les associations de Nanterre de tout façon. Je préfère rester humble là-dessus, nous avons sans doute notre part de responsabilité. Mais les critères d'attribution ne sont pas très clairs.
Concrètement, nous sommes victimes d'une baisse de subventions qui ne dit pas son nom. Ce sont des dispositifs qui disparaissent. Nous sommes, année après année, confrontés aux évolutions des dispositifs auxquelles la structure doit s'adapter. Il faut tout d'un coup changer son activité, sa façon de travailler car elles ne correspondent plus aux critères du dispositif. Rien que cela peut nous faire rater un an de subvention. Et c'est un trou qu'il faut répercuter dans le budget. Dans ces moments-là, on est tout de suite en difficulté.
Nos quinze CDI sont tous des contrats aidés donc précaires. Notre premier poste salarié a été un emploi-jeune en 1998. On s'appuie là-dessus pour vivre même si cela induit une certaine fragilité. Nous avons la chance d'avoir un beau stock de salariés et de bénévoles impliqués qui s’accrochent. On ne peut pas faire un travail sérieux, mettre les familles en confiance si le salariat est précaire et qu'il faut changer de personnel tous les ans.
Avec une vingtaine d'associations qui agissent dans le quartier, nous avons créé un collectif pour peser dans les décisions. C'est l'une de nos revendications : nous voulons donner un avis, inventer ou construire ensemble des critères d'évaluation et des critères de financement. Plein de choses ne nous conviennent pas comme le montant des subventions qui, parfois, ne sont pas à la hauteur de ce que nous faisons. Ça ne peut pas se décider sans nous. Il faut qu’il y ait aussi une représentation des habitants du quartier, qu’ils donnent leur avis, car c'est avec eux et pour eux que nous travaillons en priorité.
Mamadou Diallo
Directeur de l'association Zy'Va à Nanterre
(propos recueillis par Christine Chalier)
Photo : Mamadou Diallo, DR.
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