Edito »
Emplois fermés
L’Europe avait fait admettre à la France en 1991 qu’il n’était pas nécessaire d’être français pour être infirmier, enseignant ou facteur et depuis ce jour l’impact sur le taux de chômage des européens qui vivent en France a été considérable. 18 ans après l’ouverture de près de 6 millions d’emplois aux européens, la France doit devenir adulte et les ouvrir aujourd’hui à tous sans aucune condition de nationalité. Il s’agit là d’une revendication de Justice, car rien ne justifie le maintient de cette discrimination pour les non européens. L’ouverture des emplois fermés constitue une réponse concrète aux problèmes de chômage et de précarité qui frappe dangereusement les quartiers populaires. En effet c’est dans les cités que vivent la majorité des étrangers non européens.
Un ministre vient justement de déclarer que le chômage avait atteint 38 % dans les zones urbaines sensibles et que « Ce n’était pas acceptable au regard de notre pacte républicain. ». Ainsi le gouvernement semble avoir pris conscience de la gravité et de l’ampleur des discriminations mais au lieu de s’employer à les démanteler, le ministre en question se contente de jouer à décerner des labels aux entreprises soit disant vertueuses.
S’il veut être entendu par le monde des entreprises, l’État ferait mieux de commencer par balayer devant sa porte et de cesser de commettre ce qu’il interdit au privé.
Il faut avoir conscience que les discriminations à l’embauche commises « légalement » par l’État, les collectivités locales, et les entreprises publiques sont le principal vecteur des discriminations illégales commises par l’employeur « lambda » contre les étrangers et contre les personnes d’origine étrangère. En effet l’État légitime l’idée que la confiance à donner à une personne pour qu’elle défende les intérêts de son employeur dépend de sa nationalité.
Enfin, si l’égalité des droits au travail promise par la République devenait effective en France nous pourrions avoir un personnel dans les services publics qui soit davantage à l’image de la population et la cohésion nationale n’en serait que renforcée. Avec l’ouverture des emplois fermés il ne s’agit ni plus ni moins que de restaurer la crédibilité de l’État et de la République Française. Cela aurait du être fait il y a bien longtemps, en 1991 notamment mais mieux vaut tard que jamais et aujourd’hui il revient à Nicolas Sarkozy de rendre l’État exemplaire dans la lutte contre les discriminations. Un espoir pour la banlieue ?
Samuel Thomas
Président de la Fédération Nationale des Maisons des Potes
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