Wagons-lits : l’aiguillage de carrière au faciès
Le 19 octobre 1990, un homme d’origine togolaise débute comme manutentionnaire au sein de la compagnie des Wagons lits. Malgré une formation professionnelle diplômante en informatique et en comptabilité et après 16 ans de loyaux services, le salarié ne connait aucune évolution dans sa carrière. Il en vient à conclure que seules ses origines motivent l’attitude de l’entreprise. Validant ce constat, SOS Racisme du Rhône lui porte assistance en assignant la société au conseil des prud’hommes le 6 novembre 2006, pour discrimination raciale.
Lors de la procédure, l’expertise fournie d’un inspecteur du travail confirmera les accusations en comparant les évolutions de carrière entre le salarié et 10 employés de même ancienneté. Les résultats obtenus sont explicites: la victime présente une évolution bien inférieure à celle des employés blancs. Enfin, des statistiques établies établissent que 80% des postes de manutentionnaire sont assurés par des personnes d’origine étrangère et seulement 11% pour les postes d’agent d’accueil. La mise en inversion de la charge de preuve invite en outre la société à prouver sa non pratique discriminatoire. Mais l’avocat de la défense n’a pas été en mesure de fournir une explication de cette discrimination.
Le conseil des prud’hommes tranche alors le 9 mars 2010, en condamnant la société à verser 50 000 euros de rattrapage de salaire suivi de 6000 euros de dommages et intérêts à la victime. Une somme de 1000 euros est d’autre part allouée à SOS Racisme à titre de dommages et intérêts, «c’est une véritable victoire pour la lutte contre la discrimination», se félicite Loïc Rigaud, représentant de la Maison des Potes - Maison de l’Égalité, «car cette lourde sanction financière constituera une forme dissuasive auprès de tout employeur susceptible de discriminer en France».
Florian Kuan
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