Gilles Bon-Maury : La France a perdu son rang dans la marche vers l'égalité des droits
Vous êtes président de HES, petit rappel pour nos lecteurs de cette association?
HES pour "Homosexualités et Socialisme". C'est un mouvement politique, partenaire du PS, inscrit dans le mouvement LGBT (lesbien, gay, bi et trans). L'association a été fondée en 1983. Depuis cette date, elle réunit des militants - pas forcément homos, pas forcément membres du PS - qui luttent contre les violences et les discriminations fondées sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre.
Nous sommes aujourd'hui le 17 mai 2011, c'est la journée internationale de lutte contre l'homophobie. Pourquoi cette date?
C'est le 17 mai 1990 que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a retiré l’homosexualité de la liste des maladies mentales. C'est un pas important dans le combat pour les droits des homosexuels. En France, dès la victoire de la gauche en 1981, cette classification de l'OMS a été récusée et l'homosexualité a été dépénalisée. Les personnes LGBT ne sont ni coupables ni malades. Ce qui a été obtenu pour l'homosexualité reste encore à accomplir pour les personnes trans', qui sont encore aujourd'hui considérées comme des malades mentaux par les classifications de l'OMS.
Quelles sont les perspectives du combat LGBT dans les prochaines années (et échéances politiques) ?
Aujourd'hui, après la protection des libertés individuelles et une première reconnaissance des couples de même sexe, c'est surtout la réforme du droit de la famille qui s'impose : ouverture du mariage, de l'adoption, de la procréation assistée à tous les couples, reconnaissance des pluriparentalités... Ce sont ces revendications qui feront la différence lors des prochaines élections, au printemps 2012. L'homoparentalité est une réalité vécue depuis assez longtemps pour qu'elle cesse d'être ignorée par la loi. La France a perdu son rang dans la marche des personnes LGBT vers l'égalité des droits. Beaucoup de pays voisins, comme la Belgique ou l'Espagne, montrent l'exemple aujourd'hui.
Comment comptes tu, avec ton groupe, HES, peser en ce sens?
Nous avons contribué au projet des socialistes pour 2012, qui a déjà repris beaucoup de nos propositions. Et l'agenda politique nous donne des opportunités pour valoriser nos revendications : le débat parlementaire sur la bioéthique a mis à l'ordre du jour l'ouverture de la procréation assistée aux familles homoparentales. Et les députés socialistes ont choisi de consacrer un débat en séance publique le 9 juin prochain à leur proposition de loi sur l'ouverture du mariage aux couples de même sexe. Nous aurons donc l'occasion de rappeler les engagements de la gauche et le retard de la droite sur ces thèmes.
Propos recueillis par Julien Vanhée
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