Discrimination à l’emploi : Le (très) Mauvais élève allemand
Avec ses règles antidiscriminatoires, l’Union Européenne évolue depuis 2000, dans un sens progressiste, et égalitaire. Peut-être trop lentement, peut-être pas assez fortement, mais le chemin est arpenté. Voilà, la Règle, c’est bien : ça permet de mesurer. Mais, qui devrait se faire taper sur les doigts avec ? Qui est un mauvais élève ? Le cancre parle allemand.
En Allemagne : si t’arrives à être embauché, tu peux être protégé (et encore). Mais, encore faut-il avoir accès à cet emploi. L’Allemagne ne fait pas grand-chose contre la discrimination faite aux étrangers : il n’y a rien. L’article 36 du livre III du code social allemand interdit aux bureaux publics de placement de « satisfaire les demandes des employeurs concernant des critères de sélection des candidats (…) lorsque ceux-ci ne sont pas justifiés par la nature du poste à pourvoir ». Mais une fois embauché, entamer une action en justice à l’encontre de l’employeur discriminant n’est pas un droit du salarié.
Les immigrés, c’est une sous-question
« [Il] peut solliciter l’intervention d’un syndicat mais ne peut l’exiger ». Oui, c’est là que c’est schwer. « Les victimes de discriminations raciales doivent s’appuyer sur les procédures de droit commun ». Et les associations ne peuvent pas se porter partie civile pour soutenir les plaignants. Les victimes doivent non pas obliger l’employeur à prouver qu’il n’y a pas eu discrimination, mais prouver qu’il y a eu discrimination (contrairement à la discrimination sexuelle). En Allemagne, un organisme indépendant spécialisé dans la promotion de l’égalité de traitement ? Seulement depuis 2006. Un système pour lutter contre les discriminations à l’embauche ? Kaput.
La paix sociale en Allemagne repose sur le dialogue entre employeurs et partenaires sociaux. « La question des immigrés est jugée être une sous-question relative à la sous-qualification des migrants et de leurs enfants. » nous dit un rapport du CREDOC (Centre de Recherche pour l'Etude et l'observation des conditions de vie), réalisé par Isabelle Van de Walle, Marie Séguette et Pierre Tardieu. C’est pourquoi reconnaitre les diplômes étrangers a pu être perçu comme une petite révolution. (voir Pote à Pote n.129… Tous les Chemins mènent-ils à la Toléranz ?)
Le 18 octobre 2010, Rainer Bruederle, le ministre allemand de l'Economie de l’époque, disait : «Nous devons avoir une culture de bienvenue » puisque la population active allemande reculera de 6,5 millions de personnes d'ici à 2030, alors « Compter sur les réserves nationales ne suffit plus », souligne aujourd’hui Philipp Rösler, l’actuel très libéral ministre de l'Economie. Enlisés dans leur problème de renouvellement démographique, les Allemands sont encore loin du début d’un commencement.
dolpi@maisondespotes.fr
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