Boulevard Vincent Auriol
Pour que le froid hivernal se trouve contre carré
Ménagère dans les hôtels est mon épouse
La peinture en bâtiment sera ma seconde épouse
Avant qu'elle me foute à la porte un joli soir de printemps
Et qu'elle me dise débrouille toi maintenant
Entre temps quelques nouvelles frimousses apparaissent
Un deuxième fils une deuxième fille, une double caresse
Et comme les bonnes nouvelles n'arrivent jamais seules
Je me retrouve sans un toit avec mes valises sur le sol
Retour au point de départ
Sur les quais de la gare
Habitations faites de toiles
Ce sont des tentes pour dortoir
Des couvertures dans la boue pour Marabout
Une corde entre deux trous pour faire sécher les boubous
France terre d'accueil, loin de mon village
Je ressens la ségrégation dans les plis de leurs visages
Apparemment les droits de l'homme ne marchent pas pour les hommes noirs
Ne marchent pas pour les femmes noires
Mais l'exception de la règle un jour descendit de son bus
Sur son t-shirt était écrit Emmaüs
Appartement provisoire trouvé par les gens du livre
Vincent Auriol c'est le nom qui nous délivre
Un boulevard du 13ème arrondissement de Paris
Provisoirement j'y habiterai en plus le quartier est paisible
La charpente a l'air solide mais le bois est sec
Un incendie n'en ferait qu'une bouchée de pain sec
Sans attendre j'emménage avec ma femme de ménage
Avec mes problèmes d'argent et mes enfants en bas âge
J'envisage de rester peu de temps ici
Alors j'entreprends des démarches à la mairie de Paris
Simple précaution j'épluche les annonces
Mais derrière chaque demande se cache la même réponse :
"On vous rappellera, l'appart est déjà loué"
Même si parfois j'avais d'avance de quoi payer 3 loyers
15 ans pour comprendre le système
(…)
Et soudain je me souviens la raison pour laquelle je me suis levé du fauteuil
Pour les enfants et leurs querelles
Désormais séparés par l'incendie
Je cherche le regard d'un de mes fils d'une de mes filles
Ne bougez pas j'appelle les combattants du feu
Car papa n'est pas assez fort pour sauter dans le feu
Sauter dans le brasier d'un immeuble insalubre
Autant fermer les yeux et prier fort pour son salut
10 minutes se sont passées, aucune sirène aucune aide
Les entrées sont scellées dirigez-vous vers les fenêtres
A plat ventre comme les cafards nos colocataires
La position est bien connue, face contre terre
En une fraction de seconde c'est ma vie qui s'enfuit
Lorsque le plafond s'écroule sur le dos de ma famille
Voici mon cercueil, ma cité provisoire
Vincent Auriol c'est le nom de son boulevard
15 ans, 17 personnes sacrifiées
14 enfants ont péri sur le bûché
Bien souvent l'atrocité de la mort fait bouger les choses
Car désormais ils seront logés sur les roses
Dernière insulte par le chef commissaire :
"Tous ces noirs sont-ils en situation régulière ?"
Voici le prix du sang d'une ancienne colonie
Voici le respect attribué aux familles
Jammeh, Gassama, Cissé, Konaté, Diarra, Sy, Traoré, Sissokho, Dembélé
Et les familles de l'hôtel Opéra
Paix...Paix...
Médine
Chanson en téléchargement libre
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