Caroline de Haas, fondatrice de Osez le Féminisme
Le féminisme a-t-il du sens face à une nouvelle génération qui a du mal à se revendiquer comme telle ?
Je suis assez optimiste quand on me parle de la capacité des jeunes à se revendiquer féministe. On est toutes confrontées, à un moment ou à un autre, à cette réflexion : prendre conscience qu’il y a des inégalités et vouloir les corriger. Le féminisme est un combat radical de transformation sociale parce qu’il remet en cause des fondements en termes d’organisation des rôles entre les hommes et les femmes. Les chiffres, ça c’est l’outil radical pour que n’importe quelle personne, ayant intégré les mécanismes de domination, se rende compte de la réalité : 27 % de différence de salaire, une femme violée toutes les dix minutes, 85 % des travailleurs précaires sont des femmes.
Comment expliquer que certains freins persistent encore et ce malgré les avancées juridiques ?
Cela fait maintenant 3 millions d’années, depuis que l’homme et la femme existent, que la société est organisée avec une répartition des rôles. Malgré tout, nous sommes nées au bon moment, ça y est, les lois sont passées, maintenant il faut mener la bataille dans les esprits. Le sens de l’histoire montre que cela progresse, même si la réalité reste beaucoup plus sombre. D’abord parce qu’en France, les lois ont été très tardives, comme celle concernant le droit de vote accordé aux femmes (NDLR : 1945). Il faut que le gouvernement prenne des mesures pour appliquer la loi, laquelle énonce, par exemple, trois séances obligatoires par an, de la maternelle à la terminale, d’éducation à la sexualité et à l’égalité.
Pour vous, quel est le combat essentiel à mener pour que l'égalité devienne une réalité quotidienne ?
C’est l’éducation. On doit pouvoir donner aux jeunes les outils leur permettant de construire leur propre vie, d’être émancipé parce que c’est ça le féminisme : une lutte pour l’émancipation de toute forme de tutelle ou d’oppression. Ce qui va permettre de réduire inévitablement les inégalités, c’est d’éduquer les gamins à l’égalité, d’apprendre aux femmes à se saisir de leur propre contraception car aujourd’hui c’est le « tout pilule » qui prévaut. L’éducation c’est la clé car l’école est un outil de la République pour former ses enfants. Mon objectif c’est de donner aux gamins les outils pour comprendre la société dans laquelle ils vivent afin de s’émanciper.
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