Pour un service public de la justice
On dit souvent que le défenseur, c’est la parole des gens oubliés. Et c’est là que se pose le problème d’accès à la justice. Et là, excusez moi je vais être un petit peu en désaccord avec l’augmentation du taux de l’indemnité versée aux avocats. Je crois que c’est tout à fait inadapté. La solution, c’est d’avoir une structure de défense permanente de gens spécialisés qui soient soit défenseurs publics, soit défenseurs du barreau. Un fond se substituerait alors à l’aide juridictionnelle. Nous savons très bien que la perte de l’indépendance ce n’est pas d’être payé par l’Etat, mais d’être promu par l’Etat. Les avocats n’étant pas promus, ils conserveraient leur indépendance. On pourrait alors avoir un défenseur du barreau, semblable aux internes ou aux professeurs en médecine : deux tiers de temps public, collectif, un tiers de temps privé, ou alors la totalité du temps public.
Des avocats efficaces et rémunérés
Concrètement cela a un avantage : parce que l’augmentation, nous savons que nous l’obtiendrons pas. On peut la demander ! En tout état de cause, nous savons que compte tenu de la situation économique, nous ne l’obtiendrons pas et nous ne l’avons pas obtenue depuis des années. La seule solution c’est une restructuration de la défense pour permettre un accès effectif à la justice. Aujourd’hui, on doit être à 1 500 avocats commis d’office, mais ce sont des gens qui ont un dossier, deux dossiers par an. Le coût global est considérable. Si le fonds dédié se concentre sur 200 ou 300 avocats, nous aurons même des avocats qui pourront être rémunérés comme des magistrats, avec une efficacité tout à fait différente de l’inefficacité actuelle. Excusez-moi de la longueur de ces observations, mais quand on a échoué pendant quarante ans, on se satisfait jamais de l’échec et comme le disait parfaitement Camus, que je n’ai jamais compris : « Il faut imaginer Sisyphe heureux. »
Lev Forster
Lev Forster
Avocat pénaliste, ancien membre du Conseil de l’Ordre, Lev Forster a défendu Charles Pasqua, Dominique Strauss-Khan et Julien Dray, mais aussi les sans droits des banlieues comme La Courneuve ou Poissy.
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