Le Bus Solidaire ou le droit à la dernière chance

«Ils viennent à la dernière minute» m’explique un bénévole. «Ils attendent que la corde soit serrée. Ils reçoivent des lettres de relance, mais attendent. C’est quand l’expulsion arrive qu’ils viennent.» Il parle du cas de cette dame arrivée tout à l’heure, en urgence : «au début, ça pouvait attendre» dit-elle, «mais là, c’est pour tout de suite. Pour une expulsion expresse» Nombreux sont dans son cas. Déjà, avant 10 heures, ils étaient une dizaine à attendre l’ouverture des portes du Bus Solidaire, qui les referme à 13 heures. Cette consultation gratuite mobile sans rendez-vous, c’est 3 heures de permanence par jour, à différentes portes de la capitale parisienne. Porte de Clignan- court, Choisy, Clichy, Vanves, Montreuil. En collaboration avec la ville de Paris et l’association Droits d’Urgences, ce dispositif est une initiative du Barreau de Paris, «soucieux d’aller aux devants des plus démunis» comme le souligne Emmanuelle Delnatte.
Cette avocate fait parti de ces bénévoles qui font preuve d’écoute d’abord, puis avec le plaignant construise un argumentaire adéquat : «délai d’expulsion», demander un «renvoi» ou une «aide juridictionnelle». Ces avocats de proximité, la plupart généralistes, ne font pas que «prendre du temps sur leur temps» et tout ça sans être rémunéré. Ce q’ils font c’est surtout du volontariat, adapté à tous ceux qui man- quent de confiance en la justice. Quand on monte dans le bus, c’est simple : on nous demande rien : «pas de papiers pour entrer, pas de noms à donner, rien». Emmanuelle Delnatte insiste sur la confidentialité : c’est la raison de leur existence. «Depuis 2003, nous voulons toucher cette tranche de la population qu’on ne touche pas. Voilà pourquoi on s’est rapproché des quartiers «politique de la Ville».» Sans ça, les démunis restent peu informés. Sans ça, ils ont peur d’avoir recours à l’avocat. Sans ça, ils attendent que la corde soit nouée.
Alors dans le bus, ils s’installent à l'arrière. Derrière un rideau rouge, un avocat va les recevoir. «C’est de la 1ère orientation» précise l’avocate. Mais c’est déjà ça. Dehors, un plaignant confie sa sérénité retrouvée : «Ils m’ont rassuré. C’est mieux qu’à la mairie. Ici, malgré tout, ils prennent le temps».
dolpi
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