50 ans d’indépendance : où en sommes-nous ?

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Lundi, 16 Novembre, 2009
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Après l’esclavage, la colonisation et la décolonisation françaises sont des sujets si épineux qu’ils sont à peine mentionnés dans les programmes scolaires, la presse généraliste voire la télévision.

(carte source: le Monde diplomatique)

Petit test : dîtes « occupation allemande » à la personne de votre choix et vous verrez que tel un coq qui fait honneur au soleil, elle vous narrera les exploits des résistants, les faits d’arme, les grandes batailles de la résistance, voire le film « la grande vadrouille » et enfin la sauvegarde des valeurs républicaines. Dîtes lui « colonisation » et c’est la publicité du tirailleur « Y’a bon banania » ou pour les plus jeunes le film « Indigènes » du réalisateur Rachid Bouchareb qui seront mentionnés en premier pour ceux à qui cela dit vaguement quelque chose…Seulement, il est important que les choses changent. En 2010, 14 pays Africains (voir encadré) fêteront leurs 50 ans d’indépendance. À cette occasion, la Fédération Nationale des Maisons des Potes présentera des actions (rencontres, expositions, débats, concerts, articles…) permettrant d’analyser les impacts de cette histoire commune sur l’identité, la culture, l’économie dans les sociétés des anciennes colonies et en France. Forte d’une connaissance précise de la fracture qui existe dans les quartiers, à fortes populations migrantes, l’incompréhension qui existe entre les Français de toutes conditions et origines, l’association entend apporter des éléments facilitant la compréhension des valeurs communes qui peuvent subsister malgré les points d’ombre de l’histoire de France.

Mais avant toute chose voici pour conclure cette année 2009, quelques points de réflexion sur lesquels nous reviendrons en 2010.

 

Avant la décolonisation voici quelques éclaircissements sur la colonisation.

Comme le disait Senghor «  Malgré les erreurs et les tares de la décolonisation […], le peuple de France n’a jamais renié complètement l’héritage de la Grande Révolution de 1789 ».

Ce sont justement les erreurs et les tares qui font que cette action consistant à occuper un territoire, ses peuples et s’emparer de ses richesses est difficile à expliquer dans l’histoire de France. La colonisation s’est déroulée en 2 temps : au 16e siècle (1534), il s’agissait surtout de commerces interétatiques imposés mais retenus, d’évangélisation des populations pour contrer le développement de l’islamisation (autre puissance influente) et d’affaiblir l’animisme (typiquement africain et impénétrable). À partir de 1830 (second empire) l’Asie, l’Afrique, l’Océanie deviennent des territoires démantelés, annexés et administrés par les grandes puissances européennes. Du 15 novembre 1884 au 28 février 1885, les puissances industrielles que sont l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, la France et la Grande-Bretagne se partagent ces contrées jadis libres et structurées de manière traditionnelle. Ce découpage à la règle (au sens propre et figuré) a encore des conséquences désastreuses sur les « nouveaux pays » : problèmes de propriétaires terriens (guerre Sénégal/Mauritanie 1989), guerres ethniques (Congo depuis la création du pays), familles divisées de la colonisation à la décolonisation suite au découpage, etc. Pour que la maîtrise de ces grands ensembles soit encore plus élaborée, la France a crée, le 16 juin 1895, un pôle spécifique : l’Afrique Occidentale Française (AOF) ayant sa propre monnaie unique, le CFA (Communauté Financière Africaine – CFA). Elle est constituée de la Mauritanie, du Sénégal, du Soudan français (le Mali actuellement), de la Guinée, de la Côte-d'Ivoire, du Niger, de la Haute-Volta (Le Burkina Faso) et du Dahomey (Le Bénin) ce qui représentes près de 25 millions de personnes. Les autres pays comme le Gabon, Tchad, Madagascar, Centrafrique, Congo sont administrés, eux aussi, par le franc CFA.

Au temps des colonies, les postes clés de cette organisation sont : le chef d’Etat français, le ministre des colonies (crée en 1894), le gouverneur de chaque colonie ,installé dans le pays colonisé, et des chefs locaux ou intermédiaires servant de pont avec l’administration. Les racistes de base n’ont pas intérêt à le dire mais les relations politiques entre métropolitains et Français d’Outremer ne datent pas d’hier ! Blaise Diagne par exemple, 1er député originaire d’Afrique noire (mandat de 1914,1934) présentait les revendications de son peuple (obtention de la citoyenneté française notamment) à l’Assemblée Nationale et participait activement à la vie politique française. Il était membre de la Section française de l'Internationale ouvrière, la SFIO, puis membre du Parti Républicain Socialiste et même Franc Maçon !

Autre point non négligeable et ayant toujours une incidence sur le présent : les anciens empires ayant été démantelés, les descendants de rois directs et indirects n’ont jamais pu revendiquer un quelconque accès à la vie politique. Cela dit, les autorités traditionnelles et religieuses survivent encore ce jour. Elles ont souvent posé problème aux autorités coloniales et font malgré tout office de socle à de nombreuses sociétés.

 

Les indépendances

Aujourd’hui, on parle de mondialisation comme d’un fait nouveau mais dans un sens, elle a toujours existé. La conscience de l’influence des pays et civilisations a toujours été un point majeur de la géopolitique. C’est cette dernière qui a eu une influence retentissante sur la décolonisation. Au sortir de la Seconde guerre mondiale, l’Indochine donne le ton, en 1946, en se rebellant contre la France. Puis, l’Algérie suit le mouvement en 1954. Les chefs d’Afrique noire qui se rebellaient en vain contre le système colonial trouvent à leur tout un terrain favorable pour obtenir leurs indépendances. D’abord, les tirailleurs du Maghreb et d’Afrique noire sont déçus d’avoir offert leur jeunesse à l’hexagone qui prônait sa toute puissance mais montrait ses faiblesses sur le terrain. Pis, l’amnésie de l’Etat qui « oublia » de valoriser les tirailleurs sur les photos illustrant la libération, l’ « oubli » de les citer en public, l’ « oubli » de délivrer les soldes des soldats ou, de manière sporadique, achève tout respect et lien possible. C’en est trop ! Les militaires, appartenant aux colonies, réalisent que la liberté, l’égalité, la fraternité, dont ils avaient entendu parlé, n’était pas valable pour les « indigènes ».

De leurs côtés, les leaders politiques, étudiants et syndicaux des pays colonisés oscillent entre trois positions : assimilation, indépendance totale, ou partenariat avec la France dans un monde où les liens interétatiques sont inévitables. Les pays sont courtisés par les puissances que sont l’URSS ou les Etats-Unis. La France doit se reconstruire mais ne peu plus maintenir de contingents militaires : trop coûteux et intenable désormais. Les indépendances deviennent inévitables. De Gaulle cède à la pression mais à condition de permettre à la France de maintenir des liens privilégiés avec les nouvelles entités. Les nouveaux chefs d’Etat choisissent entre 2 positions : diriger leur nouvel état tel qu’il est ou créer des fédérations fondées sur des intérêts communs (histoire commune, affinités politiques, intérêts structurels et économiques).

Deux exemples de pôles interétatiques sont notables : à l’initiative du leader politique Senghor et du Soudanais (Malien) Modibo Keita , la Fédération du Mali regroupant le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso et le Bénin voit le jour, mais ne fait pas long feu (1958-59). Ils partent donc chacun de leurs côtés.

Au centre du continent, le prêtre président (en fait Premier Ministre) Barthélémy Boganda tente de fonder une fédération regroupant le Gabon, le Congo, le Cameroun et la Centrafrique mais il disparaît dans un mystérieux accident d’avion en 1959. La gestion individuelle est alors préférée. En 1960, plusieurs pays deviennent indépendants, mais chacun a une histoire propre.

 

Tout au long de l’année 2010, vous retrouverez dans le Pote à Pote les faits marquants et les personnages clés des indépendances comme :

Les Sénégalais Lamine Guèye, député à l’Assemblée Française qui défendait l’indépendance du Sénégal et Léopold Sédar Senghor, premier Président du pays qui déclarait à De Gaulle « Si nous entendons réaliser notre indépendance nationale, comme vous en reconnaissez la légitimité historique, ce n’est pas contre la France, mais avec la France. ». Emblématique chef d’Etat, il est le porte-drapeau de la francophonie et du concept de négritude qui caractérise les singularités des peuples noirs.

L’histoire des tirailleurs du camp de Thiaroye (près de Dakar au Sénégal) qui faisaient grève pour obtenir que leur solde ne sera pas oublié!

Le Malien, Modibo Keita, qui s’illustra en l’évolution du Mali par un rapprochement avec l’URSS, et en tentant de développer le franc malien.

Du côté des « révolutionnaires guerriers », les "Menalamba", groupe d'insurgés nationalistes et traditionalistes, prônant la conservation de la religion des ancêtres et la fidélité, tentèrent de sauver la royauté Malgache mais initièrent les grandes luttes armées contre la colonisation (fin du XIX siècle). Leurs « héritiers », députés à l’assemblée constituante française Raseta, Rayoahangy et Rabamananjara apportèrent, eux aussi, leur contribution au développement du pays (fondateur du Mouvement démocratique de la rénovation malgache ou MDRM).

La France étant le pays des droits de l’Homme, des intellectuels français défendaient depuis Paris la liberté des pays africains : Sartre, Aron, Camus, Gide, Monod, Leiris…ils participèrent notamment au lancement de la revue Présence africaine, fondée en 1947 par le Sénégalais Alioune Diop.

Pour conclure, des points sur des artistes, comme Manu Dibango, qui aborde les mutations de la France des années 50 sur la question des indépendances dans son livre " Trois Kilos de Café " (Éd. Lieu Commun, 1989) ne manqueront pas d’apporter des points de vue complémentaires.

Les Français des villes et des campagnes de toutes origines, les émeutiers de 2005, les jeunes francophones qui ont les yeux rivés sur les faits et gestes du pays des Droits de l’Homme doivent  comprendre et digérer nos histoires communes. Autrement, pensez-vous que les paroles de Michel Sardou dans « au temps des colonies » pourront illustrer les nobles causes et les « 2 amours :[son] pays et Paris » de Joséphine Baker ou enfin les valeurs de la « douce France » de Charles Trenet.

 

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Extrait des paroles « Au temps des colonies » :

Moi monsieur j'ai fait la colo
Dakar Conakry Bamako
Moi monsieur j'ai eu la belle vie
Au temps béni des colonies
[…]
Pour moi monsieur rien n'égalait
Les tirailleurs Sénégalais
Qui mouraient tous pour la patrie
Au temps béni des colonies
Autrefois à Colomb-Béchar
J'avais plein de serviteurs noirs
Et quatre filles dans mon lit
Au temps béni des colonies
[…]

Entre le gin et le tennis
Les réceptions et le pastis
On se s'rait cru au paradis
Au temps béni des colonies[…]

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