la carte bleue européenne

Avant d’expliquer que la Carte Bleue Européenne, à l’image de sa grande sœur américaine (la fameuse « Green Card »), permet à son titulaire de résider et de travailler sur le territoire d’un Etat membre… il faut revenir au mois de mars 2000. Cette année-là, le Conseil Européen de Lisbonne a fixé comme objectif pour la Communauté Européenne de devenir « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde ». Oui madame, rien que ça. Mais comment devenir les meilleurs ? La réponse a été apportée à La Haye, les 4 et 5 novembre 2004, où le Conseil Européen a reconnu que l’immigration légale joue « un rôle important dans le développement économique et dans le renforcement de l’économie de la connaissance en Europe ». D'avance merci les immigrés : on compte sur vous ! Le 25 mai 2009, au bout de 10 ans de gestation, le Conseil accouche de la « Carte Bleue Européenne ».

La directive facilite l’admission des travailleurs hautement qualifiés, extracommunautaires. Pour l'avoir, il suffit d’être extracommunautaire, et hautement qualifié. Rapide, la durée de la procédure d’admission n’excède pas les 90 jours. Egalitaire, elle reconnait des droits sociaux et économiques équivalents à ceux des ressortissants de l’Etat membre d’accueil. Intime, la directive propose des conditions favorables au regroupement familial. Sans oublier son fondement discriminatoire : élitiste, la Carte Bleue européenne ne peut être obtenue que par des individus qui seront rémunérés, au moins 1,5 fois le salaire moyen. Ce qui veut dire en France : pas loin de 3 500 euros brut par mois. Encore une fois, si et seulement si, depuis chez vous, vous êtes déjà hautement qualifié. Peut-on parler d’une meilleure organisation d’une « fuite des cerveaux » provenant de pays tiers ? Le texte de la directive, lui, préfère parler de « gain de cerveaux ». Oui monsieur, sans blague. « Il y a des choses qui ne s’achètent pas, mais pour tout le reste… il y a la Carte Bleue Européenne. »

dolpi