Le traitement inadmissible des travailleurs sans-papiers
Tu soutiens la régularisation des travailleurs sans-papiers. Les opposants à cette mesure craignent un "appel d’air" ?
C’est tellement dur, tellement compliqué pour ces gens-là de venir chez nous. Donc cette histoire d’appel d’air… Automatiquement, allez hop, on débarque tous… Quand on voit dans quelles conditions ces types voyagent … Une fois, je suis passé à Lampedusa. On voit les types qui arrivent dans les bateaux pourris, et Lampedusa c’est loin de la Tunisie et de la Lybie. Donc qu’est-ce que c’est que ces conneries d’appel d’air ? Les mecs risquent leur peau de manière terrible. Ils arrivent, on les traite comme de la merde, on les refout dehors. Enfin c’est terrible, c’est absolument insupportable notre société. On a beau dire la crise. Attendez la crise, on vit vachement bien chez nous. Globalement la société s’est enrichie ces trente dernières années. On le sait très bien. Donc il inadmissible qu’on puisse traiter les sans-papiers comme on les traite. Et puis je pense que de toute façon on a besoin d’eux pour faire le sale boulot et il y a du sale boulot à faire chez nous. On a tout intérêt, même économiquement, à les recevoir. Il faut recevoir tout le monde.
Tu étais à Lampedusa pour quoi ?
J’étais en vacances il y a quelques années. Je ne savais pas du tout. A l’époque c’était avant qu’on en ait parlé beaucoup à la télé, mais c’était déjà effectivement une étape de l'immigration clandestine. Il y avait déjà un centre de rétention, ce que je ne savais pas du tout en arrivant là-bas. Je suis arrivé un peu en touriste. J’étais là avec ma femme. On est passé en voisin depuis la Sicile. Et c’est là qu’effectivement on a été frappé par ce qui se passait. On s’est dit qu’à tout moment on pouvait tomber sur un cadavre flottant dans cette eau turquoise merveilleuse. Parce que c’est sublime Lampedusa. Les plages sont absolument sublimes et on a découvert ça en arrivant là-bas. Effectivement ça pouvait arriver à tout moment de tomber sur un macchabée.
Propos recueillis par Christine Chalier
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