Pour le journalisme fraternel : Le Prix Robert Barrat

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Samedi, 13 Octobre, 2012
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Le Prix Robert Barrat, s’il existait, devrait récompenser les journalistes soucieux d’universalisme et de courage, comme l’a pu l’être l’auteur des Maquis de la Liberté pendant la Guerre d’Algérie.

Le Prix Albert-Londres récompense depuis 1933 le meilleur Grand Reporter de la presse écrite. C’est en dormant sur cette information et près du recueil d’articles Les Maquis de la Liberté que je me suis réveillé, étonné : le Prix Robert Barrat n’existe pas. Pourtant l’auteur de ce recueil d’articles sur la guerre d’indépendance algérienne mériterait qu’on l’érige en modèle. Mais quelle serait la condition principale pour obtenir cette récompense unique ?

 

L’universalisme. Robert Barrat a été militant et catholique, français et anticolonialiste. Avant le début de la guerre d’Algérie, le journaliste va très vite épouser la cause d’un peuple qui souffre d’une colonisation (évidemment) injuste. Mais pour recevoir le Prix Robert Barrat, l’universalisme ne suffit pas, encore faut-il être capable de se remettre en cause.

 

Savoir ressentir et pressentir

 

Dans Les Maquis de la Liberté, réédité sous le titre Un Journaliste au cœur de la guerre d’Algérie, Barrat a l’honnêteté de dire qu’il a été un p’tit con en 1938 quand il a débarqué la première fois en Algérie ce «  grand jardin exotique encore peuplé d’hommes à demi sauvages que des Français courageux s’employaient à soigner et à civiliser ». Il a 19 ans. Il reviendra en 1952. Entre temps, le jeune homme naïf est passé par la Résistance. Et cette carte postale d’une Algérie exotique, il va savoir lui gratter le vernis, et voir le vrai visage d’une population colonisée, humiliée, spoliée, exploitée. Avant même les événements de la Toussaint 54.

 

Pour obtenir le Prix Robert Barrat, il faut être ce journaliste assez sensible pour sentir, ressentir, et pressentir le meilleur. Rédacteur-en-chef adjoint de la revue Témoignage chrétien, il réalise un reportage dans le sud-Oranais. La nécessité d’une réforme agraire est flagrante : « l’Etat Français a confisqué 11 millions d’hectares sous le nom de « terres domaniales ». (…) on nous a laissé sept millions d’hectares dans les régions les plus pauvres et les plus infertiles ».

 

Aux spoliations s’ajoutent le mensonge : « Qu’étaient devenues les promesses du général De Gaulle à Brazzaville en 1943 à la lueur des gigantesques incendies allumés dans le Constantinois, à Madagascar et au Tonkin ? » Optimiste, il sait que pour résoudre ce problème politique : « il faut associer les nationalistes algériens, même les plus durs, à la gestion des affaires publiques ». Mais la France ne veut pas en entendre parler. Pressentir le meilleur, comme le pire : dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, plusieurs attentats sont organisés par le Front de Libération Nationale (FLN). Sept morts, dont deux Musulmans. La « Toussaint Rouge » déclenche la guerre d’indépendance.

 

Prôner le droit à l’insoumission

 

« Entre novembre 1954 et mai 1955, je fis trois nouveaux voyages d’enquête en Algérie.» Rechercher les solutions pacifistes fait partie des qualités requises à l’obtention du Prix. Barrat écoute les militaires, s’il n’arrive pas à les convaincre, il réussit à les approcher. « Je faisais partie de l’escorte journalistique de François Mitterrand, ministre de l’intérieur lors de son voyage en Algérie ». En septembre 55, il rencontre, dans des conditions clandestines, des maquisards. Il écrira Un journaliste français chez les "hors-la-loi" algériens.

 

Le texte sera publié dans l’hebdo France-Observateur. Huit jours plus tard, les services secrets français lui rendent visite pour lui signifier son arrestation. Mais la protestation de l’opinion publique ne se fait pas attendre : il ressort libre. Quand en 1960 il signe la « Déclaration des 121 sur le droit à l’insoumission », de nouveau il est placé derrière les barreaux, à Fresnes, pendant seize jours.

 

Le jury du Prix Robert Barrat prendra soin de reconnaitre dans l’œuvre du lauréat l’expression de la désobéissance civile ou religieuse. Pour lui, c’était à l’appareil hiérarchique de l’Eglise de « bloquer le mécanisme de la répression en préconisant et organisan  des gestes de refus collectifs ». Barrat fait les mêmes reproches au Parti communiste à « l’attitude ambigüe » usant d’une opposition « légale » mais volontairement peu suffisante, malgré une jeunesse prête « à s’engager dans une action révolutionnaire contre la poursuite de la guerre d’Algérie ».

 

Le futur Prix Robert Barrat rendra chaque année hommage au journaliste doté de cet esprit universaliste, capable de se remettre en cause, pacifiste et résistant, humble et courageux que Robert Barrat, le Juste journaliste a su incarner jusqu’au 16 aout 1976, date à laquelle il a rendu la plume. Mais pas son rêve d’une humanité fraternelle : « A travers une certaine idée de la France, patrie ouverte à l’universel, c’était bien une conception universaliste de l’Homme, un idéal internationaliste et antiraciste de rapports entre les peuples que nous défendions. C’est dans la mesure et dans la seule mesure où une majorité de Français lui demeure fidèle que la France mérite d’être aimée et servie. »

 

 

dolpi

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