Femmes afghanes : de la potence à la présidence ?
Août 2009- Tani , dans la région de Khost , au sud-est de Kaboul , au beau milieu d’une province, à la réputation conservatrice, qui jouxte les régions tribales du Pakistan ; c’est ici qu’Okmina a dû essuyer de nombreuses menaces parce qu’elle a eu le courage et l’audace de faire un pied de nez aux pouvoirs phallocrates afghans en faisant campagne comme candidate aux élections provinciales. Célibataire et sans enfant, Okmina a arpenté rues et ruelles, vêtue de son turban et de son pantalon, pour aller à la rencontre et convaincre les hommes qu’elle ne connaissait pas. Une démarche sans doute unique en son genre. Le 14 août Okmina a déclaré à Euronews « Les femmes n’ont pas de droits en Afghanistan (…) et même si elles en ont c’est trop insuffisant. Il y a une énorme différence entre les hommes et les femmes » sans équivoque Okmina poursuit « Un homme peut dire tout ce qu’il désire, mais la voix d’une femme est toujours supprimée ».
Cette phrase raisonne en écho avec cette réflexion que beaucoup se font à travers le monde « à quoi servent les troupes étrangères en Afghanistan ». Depuis presque huit ans, après la chute des Talibans, aucun changement notoire n’a été apporté pour les femmes de ce pays. Mais elles ne sont pas en reste de ressources et de volonté pour que les choses changent, c’est pourquoi certaines femmes afghanes ont foi en un Afghanistan gouverné par une femme. Docteur Frozan Fana, femme Tajik de 40 ans, et Shahla Ata, femme Pachtoun de 47 ans, sont elles aussi, candidates mais à l’élection présidentielle cette fois. Shahla Ata affirmait à Euronews « Si je deviens présidente, j’en serai fière parce que c’est un défi au puissant pouvoir en place. » Et c’est avec détermination qu’elle persiste et signe son engagement « Si je perds, je vais continuer ma campagne : ce sera quand même un succès pour moi et pour les Afghanes ».
Mais qu’en pense l’électorat ? Leela Jacinto, journaliste envoyée spécial à Kaboul pour France 24, rapporte que Les afghans affirment, avec ironie, que ces candidates appelée « gnomnaams » (« inconnus ») « ont plus de chances de se faire tuer dans un attentat que de gouverner ». Même si l’émancipation des femmes Afghanes n’est pas encore à portée de main nous ne pouvons ignorer ces femmes visionnaires et au courage qui ne peut être que salutaire.
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