Briser le silence, dénoncer la violence
Depuis un moment elle ne vit plus. Ou plutôt elle vit lorsqu’il n’est pas là. Devant son miroir, elle observe son reflet. Elle applique du fond de teint pour cacher les marques qui pourraient la trahir. Elle arrange ses cheveux. Il n’y a que dans les yeux de ses enfants qu’elle retrouve un peu d’humanité. Tous les matins, elle part travailler avec l’angoisse, les douleurs, physiques et psychologiques. Dans sa voiture, c’est le seul moment où elle se permet de pleurer. Elle ne sourit plus. Elle ne mange plus. Lorsqu’elle rentre il est déjà là. Pas un geste de tendresse, pas un bonsoir, la question est: pourquoi elle est en retard. C’est une fausse question, elle n’a pas le droit de répondre. Son bourreau n’attend qu’une chose, un geste, un mot pour lui asséner des coups, répandre sur elle sa haine et sa violence. Elle sait ce qui l’attend à chaque fois qu’il est de mauvaise humeur. Ce soir, comme de plus en plus souvent, elle n’est plus son épouse, elle est son défouloir. Il l’a humiliée, il l’a déshumanisée. Blessée. Elle le supplie de ne pas crier, pour les enfants, ce qui le met encore plus en colère. Elle ferme la porte du salon, pour essayer de préserver un tant soit peu ses enfants qui dorment dans les chambres. Un instant plus tard, face contre terre tout est enfin fini. Le sang coule le long de sa bouche, les cheveux défaits, ses larmes ruissellent en silence. C’est ce qu’un témoin a bien voulu me confier, très pudiquement.
Le quotidien de milliers de femmes aujourd’hui. Vos mères, vos sœurs, vos amies vivent peut-être la même chose, dans le silence le plus total. Car souvent, ce genre de compagnons sont de grands manipulateurs. Devant l’entourage, ils semblent être parfaits, amoureux, attentionnés, et dans l’intimité, ont rendu ces femmes des objets qui doivent répondre à toutes leurs attentes.
Il faut dénoncer cette violence, et mettre fin à l’omerta. La violence conjugale est une réalité qui nous touche tous de près ou de loin. Le constat : deux millions de femmes sont victimes de violences conjugales en France. Tous les deux jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint.
Partant de là, ne nous reste plus qu’à agir.
Révolutionnairement vôtre.
Sophia Hocini
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