"Bon nombre de nos élèves sont victimes de discriminations raciales"
Interview de Michel Thuillier
Pouvez-vous nous présenter votre établissement en quelques chiffres ?
Le Lycée Pierre Mendès France de Villiers le bel c’est : 400 élèves, 120 adultes d’encadrements (personnel administratif et d’entretien compris). Nous regroupons trois domaines de formations : Energétique qui, constitue l’essentiel de notre activité (installateur thermique, sanitaire, froid/climatisation mais aussi 1 unité de formation d’apprentissage, installateur thermique) ; le Bois (menuiserie d’agencement du CAP au BAC) et pour finir le Secrétariat (Bac). Nous comptons 24 semaines de stage sur 3 ans sachant qu’une année scolaire c’est 34 semaines par exemple en BAC pro et 150 élèves qui partent en stages (CAP 1ère année, Bac) par période de 3 semaines. Nos élèves proviennent pour un 1/5 de Sarcelles et le reste vient d’Arnouville, Gonesse, Garges les Gonesse, Goussainville et Villiers-le-Bel, toutes dans le département du Val d’Oise.
Quelles sont les difficultés que rencontrent vos élèves dans leurs recherches de stages ?
Premièrement, le fait de venir d’un établissement de Villiers-le-Bel, surtout depuis les événements survenus en 2005, devient de plus en plus problématique. Ensuite vient la question de l’origine ethnique, bon nombre de nos élèves sont victimes de discrimination raciale. Enfin, l’enclavement territorial, l’éloignement et les difficultés de transport pour rejoindre une banlieue à une autre. C’est un véritable parcours du combattant pour des élèves qui partent souvent de chez eux à 6h du matin pour se rendre sur leur lieu de stage.
Les stages proposés par les entreprises sont-ils toujours adaptés aux besoins d'apprentissage du stagiaire ?
Nos élèves sont en stage dans un panel d’entreprises large qui va du petit artisan, aux grosses sociétés. La formation professionnelle, en lycée pro, implique un nombre d’heures, important, en entreprise et la réponse n’est pas toujours satisfaisante. Bien souvent, les entreprises n’ont pas les compétences, le temps et les moyens d’encadrer ces jeunes. Ce qu’on attend d’elles, c’est qu’elles soient complémentaires avec les enseignements donnés à l’école.
L'apprentissage public est selon vous en danger. Pourquoi ? Quels enjeux sont mis en exergue dans cette situation ?
Le problème c’est qu’il n’y a pas les mêmes règles pour l’apprentissage public que pour l’apprentissage privé. D’autant que l’apprentissage public offre une autonomie à l’élève et une formation qui ne se fait pas exclusivement en fonction des besoins de l’entreprise mais également en fonction des besoins du jeune. Si l’enseignement privé continue à se développer à cette vitesse, on se dirige à terme vers la suppression des établissements publics en sachant que l’apprentissage privé coûte moins cher à l’Etat.
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