Syrano : « Il faut péter les quartiers »

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Jeudi, 25 Octobre, 2012
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Sortir du ghetto, Syrano, chanteur et rappeur, n’a pas attendu le changement pour le faire. Du Brésil à la Chine, en passant par Prague ou Erevan, il a posé son sac à dos dans une dizaine de pays à la recherche des Cités d’Emeraudes qu’il évoque dans son quatrième album. Suffisamment de recul pour dire que les quartiers ça suffit !

Tu as fait une chanson pour l’album FLEUR sur le logement. De quoi parle-t-elle ?

Pour moi, le logement évoque le fait d’appartenir à quelque part, l’envie d’appartenir à un endroit. Je suis parti de cette idée de logement conceptuel pour aller vers plus de réalisme et de réalité. Evoquer l’importance d’avoir un logement en contraste avec l’absurdité qu’il y ait des gens dans la rue. Il y a un truc qui me traque depuis que je suis revenu de voyage : dans les pays industrialisés, on ne vit plus avec la famille entière alors qu’auparavant quatre générations pouvaient vivre sous le même toit. C’était plus humain. Ce genre de choses m’intéresse, m’inspire.

 

Penses-tu que la proposition de la FNMDP peut faire avancer les choses ?

La proposition peut aider à ce que tout le monde soit égal devant la recherche d’un logement. A Paris, il y a énormément d’endroits inhabités, des gens sont logés là à l’arrache, au milieu des cafards. Des familles s’entassent parfois dans 9 m².

 

Que t’évoque la ghettoïsation ?

La ghettoïsation, c’est une évidence. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’immigration a été parquée dans des endroits pour laisser les gens en communautés. Du coup, la ghettoïsation va dans les deux sens. Les gens d’origine étrangère, souvent nés dans les quartiers préfèrent rester entre eux plutôt que de s’ouvrir. Il y a cette dominante-là, ce truc dans la société qui existe partout avec des couleurs différentes, j’allais dire. Aux USA, l’immigration mexicaine est stigmatisée. Au Brésil, ce sont les paysans pauvres qui vont s’agglutiner autour des villes. En Chine et dans les pays émergeants, ils viennent profiter de l’essor économique du pays. Il y a des pays où c’est pire que chez nous, où les différences entre les habitants du centre-ville et les habitants de la périphérie sont plus dures. C’est déjà une ghettoïsation.

 

L’as-tu déjà vécue ?

J’ai grandi dans un quartier ouvrier à Chartres une moitié de mon enfance et toute mon adolescence. Nous n’avions pas de voiture, donc on restait au quartier. A un moment, ils ont voulu fermer la bibliothèque. On nous disait que ça coûtait trop cher. Le souci c’est qu’ils ont augmenté le prix du bus. On s’est battu, on a dit non, les gamins étaient dehors, nous on était six enfants à la maison et la bibliothèque était le seul endroit pour faire les devoirs.

 

Ce mode de vie ramène tout à la ghettoïsation. Moi je fais du rap. A un moment donné, l’image de rappeur issu des quartiers véhicule l’idée qu’on est dans une sous-culture, on est considéré comme des sous-citoyens. Mais je ne veux pas passer pour un Caliméro. Par exemple, il faut être stupide pour revendiquer venir d’un endroit violent où il n’y a pas autre chose que la misère. Parler des quartiers aux gens des quartiers, ça ne sert à rien. Il règne parfois une angélisation bizarre à ce sujet. Il faut être clair, quand on vit dans un quartier, on ne peut pas échapper aux embrouilles si on est jeune et qu’on traîne. Cette fierté de venir de tel quartier ou tel département, c’est accepter la ghettoïsation.

 

Par contre, on peut se servir de toute cette mauvaise énergie pour la transformer en quelque chose de positif. C’était le but de la culture hip-hop au début. Mais tout le monde n’a pas la force de le faire. La plupart n’ont qu’une envie, en sortir. Il faut péter les quartiers, redispatcher les gens, les forcer à se mélanger, les faire venir du centre-ville. Pour cela, il faut une volonté politique.

 

 

Propos recueillis par Christine Chalier

 

Crédit photo : Sébastien Buzz Perron

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