Créer du lien
Il est de plus en plus difficile de construire des projets en banlieue et de les mener terme. Je le mesure d'autant mieux que j'ai été des deux côtés de la barrière en tant que bénéficiaire de l'éducation populaire et maintenant en tant que meneur d'actions pour les jeunes. Je pense pourtant qu'on n'est pas plus bêtes que la génération d'avant. Il y a des questions se poser, et il doit y avoir des raisons multiples et variées.
C'est pourquoi je m'aligne sur la proposition de la Fédération des Maisons des Potes pour la création d'un Ministère de l'éducation Populaire. Il faudrait un pôle administratif qui travaille concrètement à améliorer la situation. Parce qu'il y a un manque de lien entre les associations de quartier et la population. Tous les acteurs, que ce soient les élus, qui deviennent parfois inaccessibles, mais également les acteurs économiques comme les commerçants, les entreprises, ont du mal travailler de façon transversale. Un Ministère ou un Secrétariat d'Etat, permettrait de coordonner les actions. Les gens seraient obligés de travailler ensemble.
Il y a une phrase que j'aime répéter : « Les militants associatifs, et notamment ceux des quartiers, sont les derniers hussards de la République. » Ils viennent pallier aux défaillances de l'école publique, qui ont leurs causes, je ne tape pas sur l'école. Elles sont liées à un manque de moyens, de volontarisme politique. Sans les associations de quartier pour maintenir un minimum d'équilibre social, ce serait l'anarchie. La sensibilisation des jeunes en milieu scolaire est le coeur de notre action en matière d'éducation populaire. Mais je découvre qu'au-delà des jeunes, ce sont les profs qui en viennent à être sensibilisés parce qu'eux-mêmes ne sont pas forcément touchés ou n'ont pas une vision assez précise de la discrimination et du racisme.
Pour faire vivre l'éducation populaire aujourd'hui, il faut innover.
Ouajdi Feki
Militant associatif SOS Racisme
Crédit photo : Certains droits réservés par jfgornet
Publier un nouveau commentaire