Saint-Denis contre la honte
C’est un pari audacieux que celui relevé par les marcheurs du Tour de France de l’Egalité : inviter les étudiants de l’université Paris-8 à Saint-Denis à venir débattre sur le thème « Guerre d’Algérie : les justes contre la honte ». Cette conférence-débat visait à dresser un parallèle entre les Justes parmi les nations, désignant celles et ceux qui ont mis leur vie en danger pour sauver des juifs durant la deuxième guerre mondiale, et les combattants de la cause anti-coloniale durant la guerre d’Algérie. Pour orienter la réflexion, aux côtés de Samuel Thomas, président de la FNMDP, Djamel Benkrid, anthropologue « fils de terroristes », et Tramor Quemeneur, auteur de Algérie 1954-1962 : lettres, carnets et récits des Français et des Algériens pendant la guerre.
Ce dernier a mis en lumière un millier de déserteurs, 10 000 insoumis, 400 objecteurs de conscience dans les rangs des soldats français devant partir en Algérie. La succession de petits gestes qui vont alimenter la prise de conscience au sein de la société française jusqu’au grand basculement qui, après 1960, verra l’opposition à la guerre d’Algérie devenir majoritaire.
Au regard du nombre de personnes vivant en France concernées directement ou indirectement par la guerre d’Algérie, il est évident que la connaissance des faits permettrait aussi à chacun de mieux connaître les autres. Ce qui contribuerait évidemment que nous vivions bien mieux ensemble. Dans ce cadre, la recherche universitaire fleurit et nous pouvons nous en féliciter. Mais la transmission de la mémoire militante pêche encore à générer une conscience politique.
Nathanaël Uhl
Publier un nouveau commentaire