Stéphane Troussel : les quartiers comme priorité
Que faut il faire maintenant, au niveau local et national ?
Je me base sur mon expérience locale, à La Courneuve, qui cumule un certain nombre de difficultés, un taux de chômage très élevé, des phénomènes d’insécurité lourds, une rénovation urbaine au milieu du guet, des difficultés en matière d’éducation… Et pourtant dans les 20 cantons renouvelables, La Courneuve est le 3e taux de participation. Le rôle des partis politiques, la manière de militer des responsables et militants comptent… Entre les deux tours, Claude Ghislain a réussi à faire augmenter la participation de 10% ! Notre responsabilité, c’est de donner à la fois des perspectives de long terme, car dans le cas de la Seine-Saint-Denis, c’est un département jeune, aux couleurs de la France du 21e siècle, avec un bon taux de natalité, qui a encore un fort potentiel de développement. Mais quand je tiens ce discours à une dame âgée de 80 ans qui a subi l’insécurité, qui se désole de voir son quartier évoluer dans le mauvais sens en matière de propreté etc. elle s’en moque un peu. Pareil pour le jeune qui est sorti de l’école sans qualification. Quand je lui explique que la Seine-Saint-Denis va pouvoir accueillir la nouvelle économie dans 5 ou 10 ans, ben très bien mais lui pendant ce temps il galère. Donc il faut donner à la fois des perspectives de long terme mais être capable d’apporter des solutions dans le court terme.
Une leçon pour le niveau national : je veux croire que le candidat du Parti Socialiste, le futur Président de gauche qu’il ou elle sera je l’espère doit se fixer comme objectif la situation des quartiers populaires parce que c’est ici que ça se joue pour le pays. C’est ici qu’on doit montrer que ça sert à quelque chose de faire de la politique parce que c’est le concentré de la société française, à grande échelle. C’est ici que l’on doit régler les problèmes. Une fois que c’est fait, pour le reste du pays, franchement, ça doit aller. Mais il faut aussi redonner de l’espoir sur les questions d’emploi, d’éducation, de logement, de sécurité et de santé. Ces sujets ne sont pas nombreux, mais pour des habitants de nos quartiers, ça tourne autour de ces sujets là.
Créons un choc de confiance à la fois pour les habitants et les plus jeunes d’entre eux vu la question du chômage des jeunes, avec les emplois jeunes. Ensuite la sécurité, puisque l’on ne peut pas accepter que ce soient d’abord les habitants des quartiers populaires qui souffrent de l’insécurité, du sentiment d’impuissance…
L’éducation est aussi primordiale… Mettons sur la table les moyens que l’on consacre réellement à l’éducation dans les quartiers populaires comparé à ce que l’on consacre dans le reste du pays. Les différences existent. Or on sait que la solution ce n’est pas d’avoir un ou deux élèves de moins. C’est certainement d’avoir un CP à 10 ou à 15 et puis peut-être que la ville plus bourgeoise, ça ne changera rien qu’ils soient à 30. La question du logement doit vivre un changement parce que cela conditionne tout. Je sais bien que le contexte financier fait qu’en mai 2012 les vannes ne vont pas être ouvertes d’un seul coup. Mais il faut dégager des marges de manœuvre.
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