Interview : Liem Hoang Ngoc « Pour le moment, ce sont les plus défavorisés et les moins qualifiés qui sont en queue de file »

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Lundi, 17 Août, 2009
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Liem Hoang Ngoc est économiste et Député Européen (PS). Il vient de publier, aux éditions La Dispute, « Sous la crise, la répartition des revenus », une démonstration de l’effet dévastateur des inégalités non seulement sur les gens et la société, mais également sur l’économie elle-même. Explication :  

 

Le taux de chômage est plus élevé dans les quartiers difficiles, qu’ailleurs. N’engendre-il pas un déséquilibre dans l’économie globale ?

La causalité est inverse, car si le taux de chômage est important dans un certain nombre de quartiers, c’est parce que l’économie est en général peu dynamique.

Les quartiers populaires sont les plus touchés car y vit la population la moins diplômée et sans doute la moins protégée. 

 

Les « zones franches », par exemple, ont pourtant été mises en place pour permettre le développement économique de ces zones en difficulté ?

En effet. Mais la dynamique économique est, avant tout, une dynamique macro économique. Il ne suffit pas d’essayer d’arranger les choses, région par région, quartier par quartier. Il faut une dynamique d’ensemble, tirée par une stratégie à long terme. Sinon, les effets seront marginaux et ont ne fera qu’inverser l’ordre d’une file d’attente, où pour le moment, ce sont les plus défavorisés et les moins qualifiés qui sont en queue de file. Certes, on peut mieux les former, mais si le volume de l’emploi et l’investissement total ne s’accroissent pas, le résultat sera toujours aussi ridicule.

 

Comment relancer ce dynamisme économique en cette période de crise ?

Il faut penser des politiques de sortie de crise en rupture avec les politiques néo-libérales, mises en œuvre à l’échelle européenne, depuis maintenant une quinzaine d’années. Cela passe par la mise en place d’une véritable réglementation des marchés financiers par l’interdiction, de certaines opérations risquées, telles que la titrisation qui est à l’origine de la crise financière. Il faut également que l’Etat entre dans le capital des banques, à hauteur des sommes qui ont été investies, pour les recapitaliser et relancer le crédit aux entreprises et aux particuliers. Il faut aussi renouer avec ce qu’on appelait, jadis, la politique industrielle, là ou tous les gouvernements se sont attachés à privatiser les champions nationaux ainsi que les services publics. Et puis en matière de redistribution, il faut s’attaquer à ce qui me paraît être la cause profonde de la crise : le partage du « gâteau », devenu défavorable à la rémunération du travail.

 

Comment expliquer le durcissement législatif à l’encontre des étrangers, au niveau national et européen, lorsqu’on sait qu’en France par exemple, nous avons besoin de ces travailleurs étrangers ?

C’est un durcissement complètement dogmatique, qui vise sans doute à fidéliser les électeurs d’extrême droite. Personne ne peut sérieusement soutenir, aujourd’hui, de  dire que les immigrés sont responsables de la crise. L’immigration n’est d’ailleurs aucunement une aberration économique. Certains secteurs, comme le bâtiment ou la restauration, sont dans des situations de pénurie de main d’œuvres. Avant le déclenchement de la crise, il y avait officiellement deux cent à trois cent mille emplois vacants dont certains sont en réalité occupés par des travailleurs étrangers sans papiers qu’il faudrait songer à régulariser.

Par ailleurs, l’apport d’une main d’œuvre étrangère est bienvenue pour équilibrer nos régimes de protection sociale. S’agissant des retraites, la droite a tort de soutenir que la seule politique possible est de faire reculer l’âge de la retraite.

En effet, le conseil d’orientation des retraites a révisé ses estimations de 2003. Il estimait à l’époque de la réforme Fillon qu’il fallait trouver 8 points de PIB, pour sauver le système de retraite par répartition à l’horizon 2040. Il ne faut en réalité que 4 points, en raison d’un taux de fécondité record, 2,1 enfants par femme et de l’afflux de travailleurs immigrés. Ces deux facteurs ont détendu le rapport actif / inactif. Il ne nous reste donc plus qu’à trouver 70 milliards d’euros, d’ici 2040, pour équilibrer les régimes de retraite. Somme qui n’est pas fondamentalement énorme si l’on considère que la part des salaires, dans la valeur ajoutée a baissé de 3% par rapport à ce qu’elle représentait dans les années 60. Ainsi, la part des salaires dans le revenu était de 70% , aujourd’hui elle est de 67%. Une différence de trois points de PIB qui représente l’équivalent de 60 milliards d’euros…

Pour revenir à votre question, avec une certaine progression salariale, un taux de fécondité important et un apport de travailleurs immigrés permettant détendre le rapport actif sur inactif, il n’y a pas fondamentalement de problème de financement des régimes de protection sociale, retraite et maladie… a fortiori si l’on élargit son assiette de financement (en y incluant les profits) et si une bonne politique économique rétablissait la croissance, celle-ci étant mécaniquement source de rentrées fiscales. 

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