Germaine Tillion, l’avocate des peuples d’Algérie

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Samedi, 13 Octobre, 2012
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Durant la guerre d’Algérie, l’ethnologue française Germaine Tillion a sauvé au moins 250 prisonniers algériens de la peine de mort, dénonçant sans relâche la torture et la violence. Considérant l’Algérie comme sa propre patrie, elle a utilisé ses connaissances pour aider les plus démunis.

Germaine Tillion ressentait les souffrances du peuple algérien au plus profond d’elle-même et n’était pas indifférente au sort des détenus victimes d’injustice. Elle a ainsi sauvé 250 prisonniers de la peine de mort, évitant la torture à ceux qui en étaient menacés. « …Je n’ai pas choisi les gens à sauver : j’ai sauvé délibérément tous ceux que j’ai pu, Algériens et Français de toutes opinions. »

 

Dénoncer la torture

 

Cependant, elle n’a pas mené un mais une multitude de combats durant la guerre d’Algérie. Germaine Tillion a consacré tout son être à aider les plus démunis, créant des centres sociaux, dénonçant sans vergogne la torture et le non-respect des droits de l’Homme. L’ethnologue française au sourire malicieux et à la curiosité insatiable fait ses premiers pas en Algérie en 1934, dans la région d’Aurès, où elle étudie les structures de la parenté au sein de la tribu des Chaouïa jusqu’en 1940. « Il se trouve que j’ai connu le peuple algérien et que je l’aime ; il se trouve que ses souffrances, je les ai vues, avec mes propres yeux, et il se trouve qu’elles correspondaient en moi à des blessures», dira l’ancienne résistante, rescapée de Ravensbrück.

 

1957. La bataille d’Alger fait rage. Elle est chargée alors avec les enquêteurs de la Commission Internationale Contre le Régime Concentrationnaire (CICRC) dans les prisons et les camps de faire l’état des lieux du milieu carcéral algérien. Elle y recueille de nombreux témoignages de tortures et d’exactions. En apprend d’avantage lors de son entretien avec Yacef Saidi, l’un des chefs du FLN de la zone d’Alger. Ce dernier lui promet de ne plus mener d’attentats à Alger. En échange, la France devra suspendre les condamnations à mort des prisonniers algériens.

 

Ethnologue donc avocate

 

Elle retourne alors en France. Et fait jouer ses relations auprès du général de Gaulle, dont la nièce est une de ses amies. De Gaulle accepte nombreuses de ses requêtes. « Je considérais les obligations de ma profession d’ethnologue comme comparable à celle des avocats, avec la différence qu’elle me contraignait à défendre une population au lieu d’une personne », écrit-t-elle.

 

Jusqu’à la fin de la guerre d’Algérie, Germaine Tillion a continué à intervenir pour sauver des prisonniers de la guillotine. Et même après l’indépendance, elle a poursuivi son travail sur l’Algérie, y consacrant l’essentiel de ses ouvrages, enseignant l’ethnologie du Maghreb. Plus que sa terre d’adoption, l’Algérie était sa patrie.

 

Assanatou Balde

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