L’institutionnalisation a-t-elle sauvé le Planning Familial ?
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Un bulletin trimestriel du Mouvement Français pour le Planning Familial (MFPF), publié en 1961 évoquait clairement l’adversaire : « l’ignorance des familles et des couples au regard de la procréation ». Ce genre de combat est comme tous les autres combats humanistes : il se gagne dans le mouvement. En avançant. Sans jamais s’arrêter. Un peu comme dans la citation célèbre : « la révolution, c’est comme une bicyclette, quand elle n’avance pas, elle tombe ». Mais, avant de devenir une institution, la révolution féministe du Planning Familial avait-elle besoin d’un nouveau coup de pédale ?
"La maternité heureuse" est le premier nom de ce qui deviendra en 1960 le "Mouvement Français pour Le Planning Familial". L’association réunit des militants bien décidés à faire changer la loi de 1920 qui interdit l’avortement. Dans les années 1970, la bataille juridique a été gagnée : en 1975, promulgation de la loi Veil qui dépénalise l’avortement, complétant la loi Neuwirth qui légalisait la contraception à partir de 1972. Le MFPF pousse l'Etat à créer des centres d’Interruption Volontaire de grossesse (IVG) en interrompant ses propres activités IVG. L’association d’éducation populaire oblige ainsi l’Etat à reprendre la paternité, ou plutôt les responsabilités qu’Il n’avait jamais prises.
Moins attentiste et plus radicale, Simone Iff devient présidente du MFPF, huit ans avant d’être nommée au ministère des Droits de la Femme par le Président Mitterrand. Nous voilà en 1981, et la gauche vient de monter sur la bicyclette. Le Planning s'engage dans une collaboration institutionnelle avec le budget de l’Etat qui permet à la France de renforcer sans commune mesure sa politique contre : « l’ignorance des familles et des couples au regard de la procréation ». Mais ce mariage avec l’Etat n’est-il pas dangereux ?
En 2002, Chirac. En 2007, Sarkozy. Et en 2009, le gouvernement Fillon décide une baisse des crédits alloués au Planning Familial. Près de 42 %. Près d’un tiers des accueils du Planning sont menacés. Alors le Planning Familial lance une pétition qui recueille 140 000 signatures – en un mois. Aussitôt, le gouvernement Fillon recule et annonce le maintien des crédits… « pour trois ans ».
En attendant, le Planning a résisté. Grâce à sa longévité ? Grâce à sa notoriété ? Ou parce que ces femmes et ces hommes savent qu’il faut toujours remonter en selle, et avancer, et ne jamais s’arrêter… d’une manière ou d’une autre ?
dolpi
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