Un théâtre nommé Passerelles
Dans les théâtres, j’ai l’habitude de voir… des gens de théâtre, des habitués, des personnes conquises d’avance. En créant ma compagnie, Passerelles-Théâtre, je voulais trouver un chemin, une voie pour amener un public que je n’y voyais jamais. J’avais envie de trouver une manière intelligente et cohérente d’œuvrer pour l’égalité et l’accès à la culture. J’étais convaincue que le théâtre avait une place importante dans le développement du lien sociale, dans la valorisation d’un public souvent coupé du monde de la culture, qu’il pouvait permettre de diminuer les inégalités. Pour cela, il me fallait réfléchir à une structure complète, autant artistiquement que dans le domaine des actions culturelles.
C’est ainsi que j’ai créé en 2011 la compagnie Passerelles-Théâtre. Elle a pour but de promouvoir et défendre l'accès à la culture pour tous, en s'engageant à en faire une priorité et en luttant contre "la discrimination à la culture" ; produire et diffuser des spectacles théâtraux ; s'engager dans la défense du théâtre et de sa pratique en animant des stages de théâtre et de clown, ouverts à tous, que ce soit des particuliers ou des professionnels du spectacle vivant ; créer du lien social grâce à l'accès à la culture, notamment théâtrale, sous diverses formes (formations, animations, .....)
Aujourd’hui, l’association a mis en place plusieurs projets avec des personnes en insertion ou issus de quartiers prioritaires de la région. Nous avons également un spectacle de théâtre professionnel qui tourne et autour duquel nous menons de nombreuses actions pour amener ce public à assister aux représentations. Ce que je sentais s’est confirmé, le théâtre aide les gens dans leur rapport au monde, leurs donnent des armes pour se défendre et pour s’affirmer dans ce qu’ils sont.
Par exemple : Une association basée dans un quartier CUCS (Contrat Urbain de Cohésion Sociale) de la ville d’Argentan(61) a voulu, à travers la pièce de théâtre que nous avons montée ensemble, parler de leur quartier autrement, montrer ce qu’on ne montre pas de leur vie. Ce Spectacle, joué dans le théâtre de la ville, a eu un vrai succès et a permis aux élus de la commune de mieux entendre leurs voies. Une marche était franchie.
Et puis, j’ai été contactée par le GIP FCIP CAFOC (Organisme rattaché au Rectorat, délégation régionale de lutte contre les discriminations et la promotion de la diversité) pour réfléchir ensemble à une proposition originale à faire aux entreprises, pour sensibiliser à la lutte contre les discriminations. C’est une manière, pour moi, d’agir directement sur un des berceaux des inégalités : le travail. J’ai fait une proposition de journée de formation basée sur un one man show, suivi d’un débat et enfin d’un atelier d’improvisations théâtrales où les participants sont amenés à se mettre à la place de… Le projet a été validé, nous avons fait appel à un auteur de théâtre (Victor GUILBERT) et un comédien (Samuel DESFONTAINES) pour monter le one man show. Nous allons maintenant dans les entreprises, les organismes de formations, les écoles de management pour faire réfléchir les cadres dirigeants ou les managers sur ce problème encore trop présent dans les recrutements. Grâce à l’humour, au théâtre et la mise en situation, les participants sont amenés à s’interroger sur leurs représentations.
Je continue également à monter des actions diverses et des spectacles de théâtre où le public est au centre de mes préoccupations et où chacun peut trouver sa place.
Clotilde LABBE
Metteure-en-scène, Passerelles-Théâtre.
Crédit photo : Passerelles-Théâtre
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