Marseille ou les jeunes affamés
Je vais essayer d’être bref. Je ne vais pas entrer dans des discours politiques ou philosophiques sur l’éducation populaire, car c’est comme le mot laïcité, on peut tout faire avec. Ce que je constate, notamment au niveau de Marseille, mais c’est pareil au niveau national, c’est que l’on essaye de ne pas crever, de survivre financièrement. Par rapport à ça, on s’est rendu compte que pendant plusieurs années a sevré les associations, dans les quartiers difficiles où le besoin d’éducation populaire est très important, avec la politique de l’os. Cette politique consiste à faire croire qu’il n’y pas d’argent et puis un jour, de lancer un petit nonos pour les associations qui vont se battre pour la subvention : chacun pour soi, au lieu de collaborer. Le résultat, c’est qu’à Marseille, la politique sociale n’est plus cohérente, et c’est devenu l’anarchie.
A partir de là, si le peuple n’est pas correctement éduqué, il revient à des états primaires. Il faut se poser la question de l’intensification de la violence chez ces jeunes, qui partent au bout du bout. Qu’est-ce qu’on fait ? Pendant ce temps, on voit que des politiques qui ont lutté des années pour le pouvoir, pratiquent la langue de bois et ne proposent pas de solutions.
Au sein de notre structure, dans les quartiers à Marseille, on discute par exemple avec des jeunes qui vont faire des braquages. Ce qui me choque aujourd’hui, c’est lorsqu’on leur demande « Pourquoi tu fais ça ? », le jeune répond « Pour manger. Ma mère me dit de sortir, de me débrouiller, que ce qu’il y a dans le frigo, c’est pour les petits. » Donc on se retrouve à parler avec des jeunes affamés et donc des enragés. Au final, on se retrouve avec un problème en plus. Je retrouve, de plus en plus, des situations qui me rappellent mon pays d’origine, Madagascar. C’est pourquoi l’idée de se rassembler autour des propositions de la Fédération, pour créer des rapports de forces importants, me semble intéressante.
Ahmed Madi Moussa
Ahmed Madi Moussa
Actuellement permanent à la Maison des Potes de Narbonne, Ahmed est éducateur en plus d’être un artiste de hip-hop reconnu. Il a en effet publié deux albums sous le nom de Djamajal. Animateur de l’association Sound Musical School B. Vice, il dirige également des ateliers d’écriture avec les gamins de la Savine.
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