La crise booste l’occasion
« Pourquoi acheter neuf?! », lance Sany, 36 ans. Cette formatrice, installée à Bordeaux, est une adepte de l’occasion. Livres, huiles essentielles, utilitaires, tout y passe. Pour expliquer son choix, plusieurs raisons. D’abord pratique. « Je n’aime pas traîner dans les magasins. J’achète sur le web ». Selon Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire de l’organisme de crédit Cetelem, « Internet a facilité le phénomène et a même créé un boom de ce marché ».
Sur la toile, les sites de vente fleurissent en effet. Le Bon coin, spécialisé dans les transactions de seconde main, connaît une vraie success story. Pas moins de 300 000 annonces y sont déposées quotidiennement.
Pour Sany, l’occasion est aussi un geste militant. Pas étonnant que 44% des consommateurs optent pour l’occasion par respect pour l’environnement, selon le rapport 2010 sur la consommation de l’Observatoire Cetelem. « C’est une alternative au système actuel de surconsommation », explique t-elle. Un constat que confirme Azzedine El Mesteri, fondateur et rédacteur en chef du « Nouveau consommateur », une revue spécialisée dans le développement durable. « Les gens recherchent une autre façon d’acheter. C’est la posture d’un grand nombre de consommateurs», poursuit-il. Après la surconsommation, voici l’ère de la sous-consommation ? Possible.
« L’Ademe (ndlr : Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) rappelle que les Français détiennent quinze fois plus d’objets que leurs grands-parents», souligne t-il. L’occasion de donner une deuxième vie à l’objet. Ainsi, 50% des produits achetés d’occasion concernent la culture, les livres ou CD. 27% les jouets et les vêtements d’enfants.
Consommer en seconde main ? Une tendance de fond que la crise a accéléré. Car au-delà des questions écologiques, le souci de faire des économies est constant chez les consommateurs. Encore plus aujourd’hui.
C’est le cas d’Isabelle, 43 ans, maman de deux adolescents, actuellement au chômage. Croisée dans un dépôt-vente en banlieue parisienne, elle découvre à peine ce marché. « J’ai repéré un lave-vaisselle à 200 euros, avoue-t-elle, en cherchant encore la perle rare dans l’entrepôt. Une belle affaire à moitié prix ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Parmi ces consommateurs, 47% se tournent vers ce marché car c’est un bon moyen de consommer plus. Mais pour 46% il s’agit tout simplement d’une nécessité. Une nuance tout de même. « La crise n’est pas à l’origine de l’explosion de ce marché », précise Franck Lehuédé, chargé de mission consommation au Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie). L’origine de tout, c’est d’abord « un pouvoir d’achat qui stagne depuis les années 80 et un vouloir d’achat toujours très fort », poursuit-il. Vu le contexte, le marché de l’occasion a de l’avenir.
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