Génération Précaire, SOS Stage : même constat

Dolpi : Que penses-tu de la stigmatisation faîte aux jeunes de lycées professionnels, sur les aprioris que peuvent avoir les chefs d'entreprise à leur égard ?
Ophélie de Génération Précaire : Cette discrimination s'opère sur tous les jeunes de notre génération. Notre génération est vue par les chefs d'entreprise comme une main d'oeuvre qui ne veut pas travailler. Stigmatisée comme fainéante. Cette vision peut s'expliquer par deux phénomènes. Premièrement parce qu'ils ont oublié qu'ils l'ont été (jeunes), et aussi parce qu'ils sont moins conscients des difficultés qu'il n'y avait pas il y a 25 ans à entrer sur le marché du travail. En tenant en plus des discours en décalage avec aujourd'hui, de type "moi à leur âge...". Enfin, ils oublient que eux ont été formés, et oublient aussi la volonté de transmettre.
Dolpi : A notre époque, dans quelle mesure il est nécessaire de soigner sa communication pour espérer être entendu ?
Ophélie de Génération Précaire : On est dans une société du spectacle. Chez nous à Génération Précaire, on avait des gens issus du théâtre. De là vient le masque blanc, le "masque neutre" en fait, où toutes les émotions doivent être canalisées. Ce masque symbolise l'anonymat du stagiaire, l'absence de personalité qu'on lui demande d'afficher au sein de l'entreprise, et prémunise les militants de toute représaille. Evidemment, la communication est importante. Récemment, c'était Halloween, on est arrivé, en fantômes, citrouilles à la main, exiger de rencontrer un patron de banque. Et on l'a obtenu.
Dolpi : Présents dans le mécanisme SOS Stages de mise en relation lycéens – chefs d'entreprises, que penses-tu des C.V. anonymes ?
Ophélie de Génération Précaire : J'en avais parlé à des copains de banlieue... et un ami, Oussama, m'avait répondu : "Oui Ophélie, mais arrivé à l'entretien, je m'appellerai toujours Oussama, je serai toujours bazané. Il ne me dira pas que c'est pour ça, mais il ne me rappellera jamais...". Les C.V. anonymes, ça fait sauter une étape, essentielle, mais... après...
Dolpi : Selon toi, qu'est-ce qu'il manque à la plateforme SOS Stage pour encore mieux atteindre ses objectifs ?
Ophélie de Génération Précaire : Au sein de Génération Précaire, nous sommes vraiment vraiment favorables à ce projet. Il faudrait un véritable suivi à la fin de chaque stage, mais avec une vraie relation en permanence pendant. Avec signalement s'il y a un problème. Que l'entreprise puisse être blacklistée s'il y a abus en tout genre. Et aussi des retours chiffrés, qu'on ait le vécu du stagiaire, afin d'élaborer une meilleure grille de lecture.
Propos recueillis par
dolpi
Publier un nouveau commentaire