Statistiques de la diversité : un mélange d’impostures scientifiques et d’hypocrisie

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Jeudi, 13 Août, 2009
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Une majorité de français (55%) estime que la mise en place de statistiques ethniques, n’est pas une arme efficace pour lutter contre le racisme et les discriminations. C’est ce qui ressorts du sondage CSA réalisé du 4 au 5 mars 2009 pour le compte de SOS Racisme et de l’UEJF. La pétition www.fichepasmonpote.com, initiée par SOS Racisme et la Fédération nationale des Maisons des potes a déjà rassemblé plus de 108 000 personnes.Pote à Pote donne la parole à l’un des premiers signataires, le statisticien et économiste Stéphane JUGNOT.

Yazid Sabeg, commissaire à la diversité vient d’annoncer sans grande surprise qu’il allait demander la mise en place de statistiques ethno-raciales, pudiquement baptisées « de la diversité » et soit disant fondées sur l’autodéclaration du « ressenti d‘appartenance ». A cet effet, un comité de réflexion doit être mis en place, avec à sa tête, François Héran, défenseur des statistiques ethno raciales, au coté de quelques chercheurs et du CRAN, conseil autoproclamé « représentatif des associations noires de France ».

"Qu’elles utilisent une typologie ethno raciale ou des critères objectifs, les statistiques de la diversité ne permettent que de constater des inégalités de situation, dont on ne peut rien conclure directement."

Ce comité ne débattrait pas de l’opportunité de ces statistiques mais des modalités de leur mise en oeuvre. Il est vrai que depuis deux ans, la plupart des associations qui luttent réellement et au quotidien contre les discriminations, comme SOS Racisme, la Licra, le Mrap, l’UEJF, le FIDL ont déjà exprimé plusieurs fois leur désaccord. Début 2007, après une large consultation, la CNIL avait suggéré de recourir aux informations objectives, comme la nationalité et le pays d’origine. Fin 2007, le conseil constitutionnel faisait de même, en indiquant que « si les traitements nécessaires à la conduite d’études sur la mesure de la diversité des origines des personnes, de la discrimination et de l’intégration peuvent porter sur des données objectives, ils ne sauraient, sans méconnaître le principe énoncé par l’article 1er de la Constitution, reposer sur l’origine ethnique ou la race ». Mandatée par le Président de la République pour étudier la façon de contourner l’obstacle, la commission Veil concluait encore dans le même sens. A la fin des années 1990, François Héran avait souligné que « la pertinence scientifique et sociale [de l’étude des origines] ne dépend pas seulement des sociologues ou des démographes qui conçoivent l’enquête » mais aussi de « l’ensemble du corps social ». Ce temps semble révolu. Désormais, la volonté d’un seul semble suffire.

La question de l’opportunité et de la pertinence de telles statistiques reste pourtant entière : les arguments de ses partisans relèvent en partie d’impostures scientifiques et de beaucoup d’hypocrisie. Imposture quand on affirme que cet outil serait indispensable pour mesurer, et combattre, les discriminations. Imposture aussi, quant on parle d’ « autodétermination ». Hypocrisie quand on prétend qu’il n’est pas question de mettre de telles informations dans des fichiers ou dans le recensement, ni d’établir un référentiel ethno-racial.

Les statistiques de la diversité ne peuvent prétendre mesurer les discriminations parce que la discrimination nait dans le regard de l’autre et dans sa relation avec l’autre. Ce qui importe, ce n’est donc pas comment la victime potentielle de discrimination se perçoit elle-même ou comment elle pense que les autres la perçoivent. Ce qui importe, c’est, au contraire, comment l’autre la perçoit et comment il décide d’agir en conséquence. L’étude et la mesure des discriminations supposent donc de partir des interactions, soit par des observations sur le terrain comme la sociologie en réalise depuis longtemps, soit par des méthodes de simulation, largement répandues aux Etats-Unis et qui commencent à se développer en France, à l’image du testing à grande échelle réalisé récemment par la Dares, le service statistique du ministère du travail, en lien avec le Bureau international du travail.

Qu’elles utilisent une typologie ethno raciale ou des critères objectifs, les statistiques de la diversité ne permettent que de constater des inégalités de situation, dont on ne peut rien conclure directement. Une faible proportion d’immigrés ou d’enfants d’immigrés parmi les cadres d’une entreprise peut être la conséquence d’une politique discriminatoire, consciente ou non, de l’entreprise, mais aussi celle des inégalités dans l’accès aux grandes écoles ou d’une sous représentation des immigrés dans le bassin de recrutement de l’entreprise. Inversement, une forte présence d’immigrés n’est pas le signe d’absence de discrimination. Dans les métiers des services aux personnes et aux entreprises, cette sur représentation est d’ailleurs parfois perçue comme le signe d’un métier pénibles ou difficile. Le testing réalisé par la Dares a même montré dans la restauration, que pour les postes en cuisine, où les immigrés sont nombreux, s’ils avaient le choix, les employeurs préféreraient employer des personnes en apparence non issues de l’immigration.




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