Culture »
Rachid Santaki pour une culture 2.0
L’art de Rachid Santaki s’exprime par ses écrits. Touche à tout, il a notamment été directeur d’édition, journaliste ou collaborateur avec des maisons de production. Il s’est dorénavant mis à écrire avec notamment « les Anges s’habillent en caillera » ou « Des chiffres et des litres ». Une troisième devrait sortir dans le courant de l’année.
Possédant une connaissance pointue des tendances et un certain flair sur les envies, il sait ce qui peut plaire. Sorti d’un système scolaire qui l’a laissé de côté, il a réalisé son parcours grâce à son réseau et sa connaissance du monde des quartiers. La proposition de la culture lui semble par ailleurs très intéressante. Rachid Santaki tient d’abord à en souligner la pertinence : « Il y a un décalage entre ce que vont proposer les gens qui sont des acteurs du territoire qui connaissent la demande et qui peut-être ne se retrouvent pas dans les programmes et ce qui est proposé actuellement. C’est intéressant d’avoir un fond. Quand on voit les chiffres que vous m’avez montré (Les ouvriers représentant 18 % de la population et n’ayant que 9 % du temps d’antenne) on se rend compte qu’il y a un problème. »
Quelques réserves
Il a malgré tout deux réserves : une concernant les moyens et l’autre à propos du support à promouvoir. « Cette idée est très bien. Si tu as des jeunes et des moins jeunes qui proposent leurs programmes et rencontrent des décideurs. C’est important d’ouvrir les cloisons. Mais il ne faut pas se leurrer, le monde de la production audiovisuelle est fait de requins, prévient-il. J’ai par exemple travaillé avec une boite de production pendant trois mois et je n’ai pas été payé. Il faut se méfier, c’est un milieu qui est difficile. C’est pour cela qu’il faudrait que ce soit directement les décideurs qui soient en connexion avec ces jeunes. »
Rachid Santaki voit aussi un autre problème. En effet, grâce à l’évolution des médias les jeunes regardent de moins en moins la télévision. Le public pourrait ne pas être touché par les contenus diffusés, même s’ils étaient pertinents. Et cela même si le programme peut leur sembler intéressant et produits par des personnes issues des quartiers populaires. Pour Rachid Santaki, l’internet est le présent et l’avenir de la culture des jeunes : « Les jeunes ne regardent plus la télé. Dorénavant tout est sur le net, plus seulement sur l’audiovisuel. Il faut s’adapter et se positionner sur le net, c’est plus actuel. » L’internet, porte-voix des quartiers populaires à promouvoir ?
Abdoul-Karim Cissé
Dernier livre de Rachid Santaki : Des chiffres et des litres Ed. Moisson Rouge
Crédit photo : Rachid Santaki croit en la création sur internet © Draft Dodgers
Publier un nouveau commentaire