Culture »
Djura fait son « Opéra des Cités »
Yasmine Oudjebour : Vous êtes à l’origine de l’Opéra des Cités, pouvez-vous nous présenter cet étonnant projet culturel ?
Djura : L’opéra des cités est en réalité une fresque musicale qui raconte l’histoire de l’immigration, sur trois générations, à travers les yeux d’une petite fille qui a quitté sa Kabylie natale. Arrivée en France à l’âge de cinq ans, elle a traversé tous les affres de l’immigration, des cités de transit à Paris aux cités dortoirs en banlieue, avec tout ce que ça représente de révolte, de soumission, au départ, de prise de conscience, ensuite, et donc d’affirmation de soi. Dans le même temps, ce spectacle véhicule toute l’histoire de la musique c’est-à-dire que toutes les mélodies suivent l’évolution de l’immigration, de même que le décor et les costumes. On traverse donc toutes ces époques pour s’apercevoir, au final, que nous sommes français car, nous aussi, avons vécu toutes ces époques qui font partie de l’histoire française. C’est donc un one shot (spectacle unique) intergénérationnel, pluriculturel, métissé, implanté dans les quartiers prioritaires des grandes villes de France, regroupant des événements artistiques régionaux avec un grand rassemblement des Cités à l’Opéra de Paris, des ateliers pédagogiques, des productions de films documentaires et un site artistique en Bourgogne.
Quel message souhaitez-vous délivrer à travers ce projet ?
En fait l’Opéra des Cités n’est que la prolongation des combats que j’ai toujours porté à travers mon travail artistique. Aujourd’hui ce qui me préoccupe de plus en plus ce sont les jeunes (filles et garçons) habitant les cités. C’est pourquoi j’ai voulu faire ce travail dans les quartiers, parce qu’avec la maturité, je considère avoir le devoir de transmettre à ces jeunes ce que j’ai appris et j’ai surtout envie de les aider, les mettre à l’honneur, les faire briller sur une scène, leur redonner confiance en eux. Moi je viens de la Courneuve et n’oublie pas ni d’où je viens, ni qui je suis, ni qui étaient mes parents et quand je vois la situation actuelle, surtout depuis les émeutes de 2005, il m’est impossible de rester impuissante. J’ai donc tout naturellement décidé de me mettre au service de cette cause là pour donner une image positive de nos quartiers, produire du lien social, promouvoir des valeurs de tolérance, d’ouverture.
Un tel projet nécessite des moyens considérables, non ?
En effet. Dès le départ, nous avons obtenu le soutien de l’acsé mais également celui de partenaires prestigieux comme la Fondation France Télévisions, la SACEM, Beur FM, SFR…. cependant nous sommes toujours à la recherche de mécènes, de sponsors conscients que la jeunesse des quartiers est le devenir de demain !
Propos recueillis par Yasmine OUDJEBOUR
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