Démolition, reconstruction : qu'en penser ?
Les appartements HLM sont-ils immortels? Poser la question, c'est y répondre. A l’heure du Grenelle de l' environnement, de la société post Kyoto et de l' Agenda 21, peut-on garder ces passoires thermiques à tout prix ? Les immeubles de 3 étages sans ascenseurs sont-ils accessibles face à une population vieillissante ?
Toutes ces questions montrent qu'il ne doit pas y avoir de tabou sur cette question. Mais la politique de démolition, reconstruction, mise en place par l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (l'ANRU), se passe-t-elle toujours sans "écrémage social" ? Ne soyons pas naïfs ! Bien sûr, qu'il ne faut pas être naïfs : certains maires refusent de reconstruire le parc démoli au nom de la mixité (qui s’entend toujours dans le même sens depuis toujours : chasser les plus pauvres). Bien sûr, ceux qui démolissent des 5 pièces et reconstruisent des 2 ou 3 pièces savent bien qu’ils les chassent. Réhabiliter le bâti ne suffit pas à réparer l'humain et le social. De ce point de vue, la précarisation et la généralisation du temps partiel subi crée des dégâts que la démolition ne règlera pas.
Alors ? Au fond, ceux qui ont vu basculer la ville de Levallois-Perret (92), vu "pousser" le quartier de la Défense (92) savent que la politique capitaliste de démolition et de reconstruction a toujours été faite de façon sauvage en expropriant brutalement, en spoliant, en rasant et en reconstruisant avec spéculation, violence et exclusion. La rénovation urbaine, elle, doit se faire en relogeant, de façon maîtrisée, tout ce petit monde, en reconstruisant une offre abordable et en amenant - dans les bons jours- des services publics dans les quartiers : c'est tout de même autre chose, et même exactement l’inverse ! Elle est et reste donc une bonne piste et un bon outil sous deux conditions : un projet de rénovation à la fois "physique", humain et social ainsi qu’un contrôle, une vigilance et une expertise associative.
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