Le monde arabe, avenir de l’Afrique ?

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Lundi, 14 Février, 2011
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En deux mois et deux révolutions l’occident a été confronté à des mythes qui ont la peau dure : le monde arabe, majoritairement musulman, n’a pas moins d’aspirations démocratiques que les pays de la rive nord de la méditerranée.


Le monde arabe et les mythes de l'occident

 En deux mois et deux révolutions l’occident a été confronté à des mythes qui ont la peau dure : le monde arabe, majoritairement musulman, n’a pas moins d’aspirations démocratiques que les pays de la rive nord de la méditerranée. Les antagonismes entre Islam et démocratie utilisés pour justifier l’aide fournie à des « régimes forts » ne résistent plus à l’analyse. Plusieurs décennies de pouvoir ont mis à dos de ces Etats armées et populations : héritiers du nationalisme panarabe, forces de gauche, mouvances islamistes, jeunesses occidentalisées, même les oppositions parlementaires, voire des membres de partis au pouvoir. Les traditions occultées de mobilisations démocratiques de ces jeunes Etats (1922 pour l’Egypte et 1956 pour la Tunisie) ont donné tort aux intelligentsias proches des pouvoirs occidentaux qui n’ont voulu y voir qu’immaturité en dépit des trajectoires historiques : réformes de Khérédine au XIXe siècle ou Destour (première Constitution du monde arabe) de 1861 en Tunisie, ou melting-pot égyptien qui connût toutes les conquêtes méditerranéennes et toutes les résistances.

Non anticipées, ces révolutions laissent l’occident en proie aux doutes : doutes sur l’absence de menace islamiste, sur la persistance de l’hégémonie américaine dans la région, l’avenir de la politique migratoire européenne décentralisée à la rive sud de la méditerranée, ou la sécurité d’Israël. Chance unique de couper court à la bipolarisation du monde issue de l’effondrement du bloc soviétique, dont le discours a peu à peu opposé un vague bloc censé être rétrograde et abonné aux dictatures, le monde arabe, à l’occident, ces aspirations démocratiques africaines et arabes peuvent enclencher un second mouvement de décolonisation du continent africain.

 

Décoloniser l’Afrique une seconde fois

Bien que les armées, sans lesquelles ces révolutions n’auraient pas été possibles, aient bénéficié du soutien tacite des puissances étrangères, se débarrasser de caciques tels Moubarak ou Ben Ali n’était pas acquis d’avance. Ces mouvements vont à l’encontre de la « préférence pour la stabilité » qui anime la « diplomatie arabe » des pays européens et des Etats-Unis. D’autant plus quand cette stabilité (synonyme de régimes répressifs) était allègrement soutenue par la France ou les Etats-Unis en raison de l’étroitesse des liens économiques et diplomatiques entre ces pays. De même la chute programmée d’un Kadhafi pourrait avoir un impact important sur les régimes subsahariens. Dès 1974 la Libye avait amorcé un « virage africain » suite à l’avortement de la tentative d’union avec l’Egypte. En quelques mois la Libye avait implanté 23 ambassades et une vingtaine de centres culturels en Afrique. Aujourd’hui encore la Libye, par sa présence économique (pétrole, BTP..), culturelle (financement d’associations islamiques) ou le soutien politique à des régimes alliés (Tchad, Mauritanie, Burkina, etc.) pèse dans la géopolitique continentale. L’éviction du Guide Libyen provoquerait à coup sûr des changements dans nombre de pays.

Jamais dans cette partie du monde depuis la fin de l’ère soviétique la remise en cause des relations bilatérales néocoloniales (la « françafrique ») ou de l’hégémonie américaine ne s’était politiquement concrétisée de la sorte, en faisant tomber des chefs d’Etat fortement marqués par un tropisme occidental. Au-delà du seul monde arabe, il s’agit pour le continent africain d’un précédent inédit porteur d’espoir.

 

L'avenir sera cosmopolite

 En s’érigeant en tombeurs d’autocrates les peuples égyptiens et tunisiens fournissent un champ des possibles à une jeunesse subsaharienne qui, n’en avait pas connu depuis Thomas Sankara ou la révolution qui mit à bas Moussa Traoré au Mali en 1991. A l’exception de l’Afrique du Sud, qui s’apparente cependant plutôt à une « première décolonisation tardive ». Ce champ des possibles -la prise en main des trajectoires nationales par des ressortissants nationaux décomplexés- peut renforcer cette cohésion continentale alors même qu’en raison de la politique migratoire européenne, jeunesses d’« Afriques noire et blanche » sont appelées à étudier dans les mêmes universités au Caire, à Tunis, Casablanca ou Dakar.

Cette vague d’aspirations démocratiques, on le voit d’ores et déjà au Cameroun, au Gabon ou au Sénégal, a fait (re) naître le sentiment d’appartenir à une communauté de destins, renforcé par les médias modernes que sont internet et les réseaux sociaux, Al-Jazeera, mais aussi les langues de partage (arabe, français et anglais) ou les affinités religieuses entre nord et sud du Sahara. Le niveau d’éducation des jeunes chômeurs de Sidi Bouzid n’est pas pour rien dans l’émergence de cette conscience globale, mais le désenclavement que nourrissent ces nouveaux échanges, au-delà du seul facteur « éducation = prise de conscience de l’oppression », permettent à ces révolutions de résonner plus au sud en Afrique. Paradoxe du projet panafricain d’un Kadhafi jamais concrétisé.

Nul doute : on ne mesure pas encore les répercussions de cet hiver 2011. Il s’agit néanmoins d’une occasion unique d’instaurer de nouveaux rapports de forces internationaux et de renforcer les libertés publiques et la souveraineté du continent africain et du monde arabe face à l’occident.

 

Alexandre Foulon Consultant en politiques publiques en Afrique

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