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La route des Roms continue
D’abord installés dans un entrepôt désaffecté dans une usine derrière le port, ils se sont fait déloger une première fois par les CRS pour atterrir dans les blokaus qui jonchent le littoral. Des défenseurs de ce beau littoral, voyant des pauvres installés dans leurs « monuments historiques, les ont fait déloger une seconde fois. Ils ont erré jusqu’à trouver une aire moins visible sur la commune de Wimille. Comprenez, les pauvres : c’est pas bon pour le tourisme ! Le maire (socialiste) les a fait repartir une troisième fois : « Vous comprenez, les pauvres, on n’a rien contre mais on les préfère ailleurs ». Ils ont enfin trouvé un terrain en bordure d’autoroute et y ont vécu pendant 2 ans.
Alertés par la situation sanitaire catastrophique dans lesquels survivait cette communauté, des citoyens se sont mobilisés et se sont montés en association : l’aventure d’AGIR AVEC LES ROMS commençait. Association à visée humaniste, elle a pour intention de soutenir les Roms dans leur démarche pour l’intégration. Aidée d’une poignée de bénévoles, l’association les a accompagnés dans leur démarche de survie : trouver du gaz pour se chauffer, faire quelques courses avec les revenus de la mendicité et commencer quelques démarches administratives pour acquérir une existence administrative et espérer avoir accès à la santé, à l’éducation pour leurs enfants et pourquoi pas un jour…au travail ! A pas de fourmis, les avancées ont eu lieu et ce, malgré la volonté des communes à ne pas les domicilier. Malgré la volonté des espaces de soins à ne pas les soigner, malgré l’acharnement de l’éducation nationale à ne pas trouver de places pour ces enfants nommés « différents »… bref, à force de convictions, ils ont réussi à faire scolariser 13 enfants dans une école de Wimille. Pas de places de ramassage scolaire pour ces enfants « différents »: les bénévoles se sont relayés tous les jours pour assurer les trajets. Les enfants se sont parfaitement intégrés à l’école et y obtenaient de très bons résultats comparé à leur état de subsistance ! Certains commençaient même à croire que la France leur donnerait la chance de connaître un destin singulier au regard de celui de leurs parents.
France : Terre d’accueil et pays des droits de l’homme, ces jeunes gens ont effectivement eu la naïveté de croire que, parce qu’ils appartenaient à la Communauté Européenne, ils pourraient, comme vous et moi, jouir de la liberté de libre circulation des biens et des personnes au sein de l’Union Européenne…. C’était sans compter sur Eric Besson, ministre zélé au service d’un gouvernement délibérément raciste qui, au lendemain d’une débâcle aux régionales, se fait fort de taper à tour de bras sur tout ce qui est pauvre, faible et si possible basané. Se redorer le blason en tapant sur les plus faibles pour tenter de faire croire à l’opinion publique que l’on s’occupe de sécurité… Des « voleurs de poules », des gens qui « ne veulent pas s’intégrer »… des « gratteurs » venus en France manger le pain des français. Voilà l’image que cette population suscite dans l’opinion publique.
Un matin d'avril 2010 pourtant, la police descend dans le camp, rafle tous les hommes, (menottés pour certains) puis revient chercher les femmes et prononce 40 OQTF au motif qu’au-delà de 3 mois de résidence sans capacité de prouver des moyens de subsistances ces étrangers, pourtant européens, ne sont plus désirables sur le sol français. Situation ubuesque où l’on empêche délibérément ces européens de s’intégrer en leur refusant toute domiciliation, interdisant ainsi toute ouverture de droits pour ensuite venir leur reprocher un manque de volonté d’intégration !
Soutenus par des citoyens indignés, un rassemblement eu lieu, le 8 juin 2010 devant la sous-préfecture de Boulogne-sur-Mer pour dénoncer les OQTF et faire valoir la volonté réelle d’intégration de ces indésirables. Car en effet, alors que l’Education Nationale peinait à appliquer le droit à la scolarisation, c’est une délégation de parents d’élèves, convaincus de la chance qu’était donnée aux camarades de classe de leurs enfants, qui est venue en soutien à la manifestation ! Imaginez une trentaine d’enfants, sur le perron de la sous-préfecture venant réclamer « l’école, l’école, l’école !!! »... Mais non messieurs dames, la préfecture en a décidé autrement et ses enfants retourneront à la misère comme leur parents et leur grands-parents, par charter évidement. 120 personnes, hommes, femmes, enfants furent expulsés en une seule journée, direction la Roumanie ! Merci Monsieur Besson...
Tony LATRUELLE & Nadjib SELLALI
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