Violences conjugales ou la difficulté de partir
La situation est grave et ces femmes courent un très grand danger pour leur vie. Environ 150 femmes par an meurent sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint. Il y en a des centaines de milliers qui sont blessées grièvement.
Rester ?
Pourquoi elles restent ? Il y a évidemment les pressions économiques, pressions psychologiques, les dévalorisations : « T’es nulle, t’es conne, tu sers à rien. », etc… Bref, elles sont complètement à plat. Il faut un sacré courage, une sacrée énergie pour se sortir d’une situation comme ça, pour quitter un mec comme ça, et il faut être très bien entourée. Et c’est là que j’ai eu besoin de rendre un hommage vibrant aux associations qui les accueillent, qui les conseillent, qui les écoutent et qui les croient. Parce que le niveau 1 dans cette affaire, c’est que vous devez vous retrouver devant quelqu’un qui vous croit. Le problème c’est qu’une fois que les associations les croient, il y a tout le reste du monde qui ne les croit pas forcément. Donc là où ça avance plus vite, c’est quand ces associations travaillent main dans la main, en maillage comme elles appellent ça, en réseau avec le commissariat ou la gendarmerie du coin.
Partir ?
Pourquoi elles décident de partir ? Parce qu’elles ont rencontré la bonne personne qui va les aider à partir, parce qu’elles sont restées pour les enfants et un beau matin, elles se disent qu’il faut partir pour les enfants. Il y a environ deux cents associations en France qui sont spécialisées sur les violences conjugales, qui ne font que ça toute la journée. Donc, une fois que cette dame a trouvé la porte de sortie parce que les associations l’ont aidée, parce qu’on constitue un dossier, etc…, il y a la question de l’hébergement. Mais jusqu’à là c’est un processus très long et je ne supporte pas d’entendre : « Si elle est pas contente, elle a qu’à se barrer. »
Natacha Henry
Natacha Henry
Historienne et journaliste, elle est diplômée de Paris IV et de la London School of Economics. Fondatrice de l’association Gender Company qui milite pour la reconnaissance des droits des femmes, Natacha Henry est l’auteur de six livre dont l’étude sur les violences conjugales en France, « Frapper n’est pas aimer » paru aux éditions Denoël en novembre 2010.
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