Le plus vieux métier du monde
Derrière ce nom, qui semble plutôt
sympathique, un physique rond et des cheveux grisonnants -la première
fois que je l’ai entendu je pensais que c’était un chanteur de bistrot
miteux- se cache un homme qui exploite sexuellement des femmes: appelons
un chat un chat. Monsieur a côtoyé Dominique Strauss-Khan, l’un de ses
clients.
Non, ne vous fiez pas à cette apparence de papy gâteau, dès qu’il ouvre
la bouche, on sait à qui l’on a affaire, un trafiquant qui croit tromper
son monde sur ses activités et qui est quand même accusé de
proxénétisme aggravé dans le cadre de l’affaire du Carlton de Lille.
Non seulement, il vient vendre un baratin qui ne reflète en rien la
réalité des faits, mais en plus les médias relaient ces informations et
contribuent à donner du crédit à ces activités et donc parallèlement à
cautionner l’asservissement des femmes, des humaines qu’il y a derrière.
Alors que des associations, des collectifs, des mouvements, des
personnalités et des citoyen-ne-s contribuent au quotidien à oeuvrer
pour l’abolition de la prostitution et à protéger les prostituées,
d’autres cherchent à vous faire croire qu’il est normal que des femmes
soient obligées d’êtres vendues par des trafiquants d’humains comme Dodo
La Saumure.
Parce que ce qu’il faut retenir, c’est que la prostitution n’est pas un phénomène "normal", qu’il est inévitable: selon un rapport établi par l’Inspection générale des affaires sociales, 90% de la prostitution est issue de réseaux criminels et que dans cette part, 80% des femmes sont des étrangères. Comment alors, au vu de ces chiffres peut-on encore être partisan de la réouverture des maisons closes, surtout lorsque l’argument principal avancé est "qu’il permet de canaliser les pulsions sexuelles des hommes".
Pourtant, on ne peut se revendiquer féministe si l’on n’est pas abolitionniste: la prostitution est ingérable parce que comme vous pouvez le voir, elle est la porte ouverte à tous les trafics et tous les réseaux criminels que l’on ne peut contrôler. Par ailleurs, il n’est pas tolérable que des corps soient utilisés au sens propre, à des fins commerciales, et plus encore lorsqu’ils profitent à des exploiteurs et que la personne en question n’est même pas maîtresse de son activité.
Cela est et demeurera un métier très
dangereux à plusieurs égards: lorsque l’une des victimes de ces bandes
organisées criminelles cherche à s’en aller, la plupart du temps elle
est retrouvée et réintégrée dans le milieu. Les prostituées sont très
souvent mal-traitées, et le mot est faible pour cerner tout ce qui est
greffé autour de l’activité sexuelle tarifée, puisqu’en plus des
violences physiques et verbales dont elles sont victimes, elles se
retrouvent également entraînée dans des trafics annexes: la drogue et
les armes.
Enfin, il apparaît également très important de souligner que les risques
sanitaires sont eux aussi très élevés, étant donné que très souvent les
personnes auxquelles elles font face refusent d’avoir recours au
préservatif qui est la seule contraception qui protège des maladies
sexuellement transmissibles et se trouvent alors exposées en permanence.
Pourtant, du point de vue de la
législation, la France se place du côté des abolitionnistes: les maisons
closes sont toutes fermées depuis 1946 , aider, protéger ou assister un
proxénète ou une activité qui relève du proxénétisme est passible de
sept ans de prison et de 150 000€ d’amende.
Aujourd’hui et plus que jamais, il faut légiférer de manière plus ferme
afin d’éradiquer complètement la prostitution non pas en sanctionnant
celle qui y a recours mais celui qui est responsable de l’activité: à
savoir le proxénète.
Nos sympathiques petits présentateurs de
Touche Pas A mon Poste et toutes les autres émissions qui se sont fait
le malin plaisir d’inviter notre cher ami Dodo La Saumure afin de faire
exploser leur audimat étaient donc en infraction et nous aurions pu
(dû?) les poursuivre pour cela.
Pour l’heure, nous nous devons de continuer à lutter contre
l’exploitation de la femme car en plus de la domination patriarcale et
phallocrate à laquelle nous devons faire face, c’est également la
politique capitaliste faisant la course aux économies et donc pratiquant
la réduction drastique des dépenses qui contribue, en paupérisant les
individus et en particulier les femmes, à entériner et conforter la
pratique de la prostitution, surtout en bande criminelle organisée.
Le mot d’ordre tient en quatre syllabes: A-BO-LI-TION.
Sophia Hocini
Photo publicé sur le site Jesuisabolitionniste
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