Comment enseigner la laicité ?

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Mardi, 17 Avril, 2012
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Dounia Bouzar est anthropologue du fait religieux, et chercheur associé au Cabinet Cultes et Cultures Consulting. Elle répond ici à une question qui peut se poser : enseigner la laïcité oui, mais pour dire quoi ? et comment ?

Envisager une « éducation à la laïcité » dès le plus jeune âge serait un excellent moyen de travailler la notion de réciprocité et d’égalité, puisque l’exercice consiste bien à comprendre que « ma liberté s’arrête où commence la tienne ». Combien d’adolescents glissent de « j’ai le droit à … » au « j’impose mon droit à … » Transmettre ce qui sous-tend la laïcité, l’objectif qu’elle poursuit, et les critères mis en place pour y arriver peut faire l’objet de séances passionnantes qui aideront chacun à intégrer les limites nécessaires pour vivre ensemble. Dans un contexte où de nombreux discours veulent imposer leur vérité (l’islam est par essence archaïque ou l’islam a tout inventé), créant ainsi un « nous » et un « eux » très différenciés, il est d’autant plus fondamental de donner des outils pour déconstruire ce type de discours idéologiques montant les uns contre les autres.

Bien au contraire, il s’agira de montrer que contrairement au temps où il fallait être de la religion du roi pour être sujet du roi, la laïcité permet de faire de l’unité avec de la diversité pour qu’aucune différence ne devienne une frontière entre les citoyens mais aussi pour que l’unité ne rime plus avec l’élimination des différences. Le système juridique laïque se situe « au-dessus » des convictions personnelles, d’abord pour les protéger, ensuite pour permettre leur coexistence, et enfin pour  par des règles communes.

Les exemples de situations rencontrées dans le quotidien de l’école ne manquent pas, à commencer par les repas partagés. David veut manger kacher, Hamid veut manger halal, Jean-Pierre adore les repas habituels, Sylvianne est végétarienne, et Kader adore la charcuterie corse depuis qu’il est tout petit… Ce sera l’occasion pour les enseignants d’expliquer aux élèves que l’objectif du repas consiste à rassembler des personnes différentes afin de « faire du lien ». Il s’agit donc de « manger ensemble », quelles que soient les convictions des uns et des autres. Cela veut dire que la liberté de conscience de l’un ne doit jamais le séparer de son camarade.

Ce type d’exercice permet d’aborder des notions fondamentales. D’abord, il ne s’agit pas de liberté de religion mais bien de liberté de conscience. Notre pays est le premier à avoir étendu la liberté de conscience au droit à l’incroyance. Le principe est bien : j’ai le droit de croire, de croire en ce que je veux, de ne pas croire, de changer de convictions à n’importe quel moment. Si j’ai le droit de croire, c’est parce que toi, tu as le droit de ne pas croire, et inversement. Cela débouche sur une deuxième notion fondamentale : aucune vision du monde ne s’impose comme supérieure puisque toutes les références sont respectées.

Ce qui entraîne que l’adulte référent réagisse fort si :

- Jean-Pierre traite Hamid de « pas civilisé » parce qu’il pratique sa religion et que, « quand-même, il devrait en finir avec tout ça… »,

- Hamid traite Jean-Pierre de « gros cochon » parce qu’il mange du porc,

- Hamid traite Kader de mécréant lorsqu’il se gave de saucisson corse,

- Jean-Pierre traite Sylvianne de « lapin sur pattes » parce qu’elle ne mange que de l’herbe…

Cette transparence des critères permet d’expliquer pourquoi une cantine publique ne peut servir de viande ritualisée : cela discriminerait ceux qui n’ont pas choisi d’en manger et provoquerait une segmentation des enfants, qui se distingueraient les uns des autres par leur conviction. Il faut donc réfléchir à « ce qui rassemble », « ce qui se ressemble », plutôt que de raisonner en terme de communautés ou de particularités. Qu’est-ce qui est commun aux uns et aux autres ? C’est ainsi que l’on apprendra aux jeunes à construire un nouveau « nous » d’autant plus fort qu’il intégrera les différentes références de chacun.

Dounia Bouzar

 

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