Culture »
Vent de « Liberté », sur les œillères de l'Histoire.
Longtemps les films de Tony Gatlif n'ont été récompensés, en France, que pour leurs musiques. Tant il est vrai qu'elles nous plongeaient au cœur des histoires que le cinéaste nous offrait.
De grandes récurrences émaillaient ces narrations, comme dans la plus pure tradition des contes : un personnage principal nous menant dans sa quête personnelle, aux travers de feux initiatiques.
Et puis nous apprîmes que ces notes de musique, ces personnages, ces lieux étaient vivants. Ils ne nous étaient pas étrangers. Tony Gatlif nous le rappelle. Ils sont la culture et l'histoire Rom.
Alors bien sûr, on prend une grande claque en regardant « Liberté ». Car on apprend que jusqu'en 1946, donc un an après la libération, des concitoyens sont restés parqués dans des camps de détention. La liberté des uns semblant faire peur aux autres.
Mais le cinéaste ne nous pousse pas à la culpabilité, il nous amène à la connaissance.
Son cinéma n'est pas qu'un simple théâtre qui met en scène la culture et l'histoire Rom. C'est un souffle citoyen qui nous rappelle, par les chemins qu'il emprunte, que c'est notre histoire commune dont il s'agit. Et c'est peut-être cela le plus fort.
Comment considérer alors les murs d'incompréhensions mutuelles qui persistent encore aujourd'hui autour des Roms en France ? Peut-être tout simplement car nous avons besoin de lever ensemble ces zones d'ombre sur notre histoire commune. Tony Gatlif participe à sa façon à ce devoir de mémoire. Et pour ne pas nous laisser seuls, face à ces « trous noirs historiques », il nous chante ces histoires à l'oreille. Un peu comme l'on chante une berceuse à un enfant pour l'aider à s'endormir, rassuré.
Meziane EL Mars
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