Culture »
« Etre beur n’est pas un métier ! »
Tout a commencé à Vanchy (Ain), petit village où ses parents ont désormais élu domicile… Alors collégien, Yamin découvre le théâtre, grâce à sa prof de français, mais tout va s’éclaircir dès qu’il voit sa première pièce de théâtre : « Tout d’un coup, c’est comme une espèce de révélation qui s’est imposée à moi » se souvient-il. Un an passe avant qu’il ne se décide à aller frapper à la porte de La Veuve Noire, troupe amateur locale, et ainsi exprimer son profond désir : devenir comédien. Conscient de sa non expérience, Yamin se forme, participe aux différents ateliers, dispensés par la troupe, doublé de cours de théâtre. Pas à pas, il réussit à s’introduire dans cette troupe où il décroche des rôles de plus en plus importants. Totalement absorbé par sa passion, il échoue au bac « lamentablement, il faut le dire » insiste t-il avec un humour vif, et rencontre, lors d’une représentation de Don Juan dans laquelle il joue, un metteur en scène qui lui propose de rejoindre sa troupe francophone en Italie. Bingo « Je vais pouvoir passer de l’amateurisme au professionnalisme ! » se réjouit Yamin. Le voilà donc à enchaîner, un an durant, représentations sur représentations à travers l’Italie, avec tout ce que ça comporte en charge de travail, d’apprentissage aussi mais « quelle école magnifique ». « Gonflé à bloc par cette expérience » comme il aime à le dire, il décide de tenter le concours du conservatoire à Paris. 1er Choc ! D’un sublime appartement en Italie, il se retrouve dans une chambre de bonne de 13 m² dans le 13ème arrondissement de Paris, passe au répertoire classique et se fait éliminer du Conservatoire dès le 1er tour : « Y’a 20 ans, un p’tit beur au conservatoire, ça ne plaisait pas forcément » ironise t-il. Mais bon, Yamin ne se démonte pas, cumule petits boulots sur petits boulots pour s’offrir les fameux cours Florent. 2ème choc ! « Que des fils à papa qui se prenaient déjà tantôt pour James Dean tantôt pour Isabelle Adjani ; trop pour moi… ». Il y reste cependant un an et comprend qu’il faut passer par la case figuration. Le parcours du combattant commence : castings sur castings, course aux cachets, période de doutes,…. Mais plus déterminé que jamais parce qu’ « il était hors de question de rentrer chez mes parents sans rien », Yamin cumule les figurations jusqu’à l’obtention de son statut d’intermittent du spectacle. Son statut en poche, il décide alors de souffler un peu et postule au Club Med en tant qu’animateur. A sa grande surprise, il est retenu. Une nouvelle aventure pleine de surprises commence… Alors qu’il est au Sénégal, il fait « THE » rencontre qui n’est autre que Patrice Leconte. De cette rencontre, Yamin obtiendra son 1er rôle au cinoche, aux côtés de Bohringer, Benguigui, Bouquet, dans « Tango ». Le tournage fini, Yamin reprend son bâton de pèlerin, enchaîne figus sur figus et décroche sa première pub. Vient ensuite une succession de petits rôles, bien clichés, pour des séries télé : « PJ », La Crime », « la Vie de Famille », « Un gars, une fille », « Cinq sur Cinq », … Et puis un jour il dit stop : « Marre d’être dans le tiroir beur, marre des rôles caricaturaux ! ». A bon entendeur... Le temps passe, Yamin joue quelques petits rôles au cinéma, tourne par exemple avec Michaël Youn dans Iznogoud. Toujours aussi tenace, il poursuit, cumule les castings parce qu’il faut le dire « c’est ça la réalité du métier de comédien », décroche des rôles dans des comédies musicales, dernière en date Mozart d’olivier Dahan, et arrive enfin à obtenir un vrai rôle de fiction dans la nouvelle génération de Caméra Café.
A la question « Quel serait le rôle de ta vie ? », Yamin répond, avec cet humour qui le caractérise, « A mon avis, je vais l’avoir dans quelque temps je pense… ! ».
Yasmine OUDJEBOUR
En tournée pour Mozart (www.mozartoperarock-leforum.com), pour plus d’infos sur Yamin : www.yamindib.net.
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