La marche de la citoyenneté
A travers 23 villes, de Strasbourg à Grigny, en passant par Lille, Paris et Marseille, ils ont porté leur message : la jeunesse doit s’imposer là où les décisions sont prises... La citoyenneté passe, en effet, par le vote; mais pas seulement. C’est aussi une implication de tous les jours dans la vie de sa cité, à travers notamment le militantisme associatif.
Des quartiers en détresse
Face au vide et à la détresse qui règnent dans les quartiers, parce qu’on a trop négligé la rénovation sociale des banlieues, SOS Racisme, la Fédération des Maisons des Potes et la CADECS (Léo Lagrange, Fédération des Auberges de Jeunesse, Culture et Liberté, Fédération Relais, etc.) ont voulu lancer une grande campagne d’inscription sur les listes électorales. Plus largement, l’objectif que se sont fixées ces organisations est la mobilisation d’une jeunesse qui, à travers le droit de vote, par son implication dans les Conseils Municipaux pourra enfin participer. En cette année 1995, c’est aussi le moyen de montrer aux responsables politiques le poids électoral de cette catégorie de la population qu’ils ignorent trop.
Des exemples contre la fatalité
Aujourd’hui dans les banlieues, les jeunes balancent entre rancoeur et fatalité. Ils pensent qu’ils sont les seuls à connaitre les galères : les municipalités qui ne font rien, les associations sans locaux, le sentiment d’exclusion et d’oubli...
Les Marcheurs ont certes obtenu des choses dans les quartiers dans lesquels ils sont passés, comme à Sedan où le Comité a enfin son local et où le dialogue s’est instauré avec les élus. Mais pour eux, ce n’est pas l’essentiel. L’important, c’est d’avoir re- motivé ces jeunes.
«Quand tu vois un mec de 18 ans te dire que sa vie est faite et qu’il l’a cramée, c’est dur» raconte Joël. «Pourtant sa vie est devant lui ! La marche, ça a été bien pour ça, on a redonné la pêche; maintenant, avec les Comités locaux qu’on a rencontrés, on va pouvoir faire des choses», conclut-il.
«Par notre passage, on leur a montré qu’ils n’étaient pas isolés. Ils pensent qu’ils sont seuls, qu’il n’y a de problèmes que chez eux. Ils ont vu que ça existait ailleurs, et que des jeunes bougeaient, en voulaient, réagissaient, et faisaient bouger les choses...», surenchérit Taly.
Manuel Saez Prieto
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