Catastrophe absolue !

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Mercredi, 1 Août, 2012
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Pote à Pote n°96, Décembre 2004

Michel Konnitz, avocat passionné, pénaliste depuis 27 ans, se rend en prison deux à trois fois par semaine pour rencontrer ses clients.


Pote à pote : En règle générale, où rencontrez-vous vos clients pour la première fois ?

Michel Konnitz : Malheureusement, la plupart de mes clients sont détenus. Pour tout vous dire, 80% de ma clientèle sont détenus.

 

PàP : Pensez-vous que l’incarcération des mineurs, par exemple, est quelque chose de viable ?

M.K : C’est une catastrophe absolue ! Pour les jeunes, l’alternative, ce sont les centres fermés, mais on en parle peu, car c’est ingérable. Ce qu’il faut savoir, c’est que le centre pour mineurs de Fleury Mérogis est très dur. En prison, il y a partout du racket et de la violence. La prison n’a jamais rendu quelqu’un meilleur, et les jeunes en sortent bien pires.

 

PàP : Pensez-vous que la prison d’aujourd’hui, produit les récidivistes de demain ?

M.K : Oui. Une fois sur deux, les gens qui vont en prison y retournent. Il y a des idées reçues qui sont fausses. Pour les gens qui passent aux Assises, la récidive est de l’ordre de 1%. C’est très simple : la prison produit de la délinquance.

Alors soit on s’oriente vers un projet où le but est d’avoir de moins en moins de détenus, en multipliant la prévention, soit on agit sur le court terme, c’est-à-dire qu’on incarcère à tour de bras, mais on sait qu’à terme ce sont des gens que l’on verra parce qu’ils seront récidivistes. Je pense que si l’on veut agir sur le long terme, il faut avoir peu de gens en prison. C’est un paradoxe mais c’est ainsi. Plus vous avez de jeunes en prison plus vous fabriquez des délinquants, car ils se fabriquent en détention.

 

PàP : Mais la réinsertion n’est pas évidente non plus, lorsqu’on sort de prison...

M.K : Oui, il y a des études qui montrent que plus une prison est humaine – si tant est que ce soit possible -, moins vous avez de récidive. Par exemple en Hollande, les détenus sont relativement traités correctement et le taux de récidive est beaucoup plus bas qu’en France. Moins la prison est humaine, plus les gens en ressortent inhumains, c’est logique d’ailleurs. Une prison où vous n’avez aucun droit, où quand vous travaillez, vous êtes mal payés, ne prépare pas à la réinsertion. En France, c’est une catastrophe, on ne favorise pas quelconque réinsertion.

 

PàP : Quelles solutions proposeriez-vous ?

M.K : Je pense qu’à chaque fois que l’on consacre 1 euro à la construction d’une prison, il faudrait consacrer la même somme à la prévention. Le raisonnement pour moi ne doit pas être de dire « on va augmenter le parc pénitentiaire », c’est ridicule ! On doit au contraire viser à ce que les gens n’aillent pas en détention. Malheureusement, ce n’est pas du tout le chemin que l’on prend. Il y a une tendance très lourde aujourd’hui, qui demande à l’Etat beaucoup plus de réprimer que d’aider, puisqu’on est passé d’un Etat-providence, à un Etat-gendarme. Il faudrait que dans les prisons, les détenus aient quelques droits, qu’ils ne se fassent pas tabasser par les gardiens, que leur famille ne soit pas traitée comme du bétail, qu’ils aient un salaire correct lorsqu’ils travaillent... Bref, qu’on les traite comme des êtres humains. Peut-être alors se comporteront-ils comme tels.

 

Propos recueillis par Sarah Marx

 


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