Veuves kurdes, fidèles au combat
Dans la salle1, les larmes remplacent les applaudissements. L'une des invitées, Cihan Sincar, ex-maire en Turquie, sourire aux lèvres et yeux brillants, témoigne: assassiné en pleine rue en 1993 à Batman, son mari était député. Nuray Sen, ancienne présidente du MKM, un théâtre à Istanbul, cheveux grisonnants, visage hors du temps, a perdu deux fils et son mari. Hasret Birsel, poursuivi pour ses articles et romans, a des sanglots si forts que Sabine Salmon, présidente de Femmes Solidaires s'improvise psychologue. Les effets post-traumatiques de la guerre "taboue" sont enfouis profondément. Pas de chiffres ni d'études sur eux...
Outre les 50 000 victimes du conflit armé, 17 547 dossiers de meurtres non-résolus dits "faili meçhul" (non résolus). Les listes de la LDH de Turquie et de YAKAY-DER2, établissent que la majorité des victimes sont des hommes kurdes.
Ni la peur, ni la douleur
Dans la région kurdophone, où 95 % des femmes ne travaillent pas, des associations comme EPIDEM, Kardelen, Selis et Sarmasik, aident les plus démunies, même si les subventions européennes restent bloquées à Ankara.Depuis 1995, les veuves kurdes manifestent avec les Mères du Samedi. Malgré des viols répétés en garde à vue et les intimidations, qu'elles soient illétrées, voilées ou diplomées, elles ne se laissent abattre ni par la peur ni par la douleur.
Dora Zêwarîn
1 Projection du film Une vie mille espoirs, au Magic Cinéma le 11/12/2010
2 membre de la Fédération Euro-méditerranéenne contre les Disparitions Forcées
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